Au TDB, c’est théâtre toute l’année ! Le mois de mai venu cependant, le menu prend une saveur particulière avec les beaux jours, et le festival initié par le Centre dramatique national, qui fait fleurir les pièces un peu partout dans la ville.
La directrice du TDB, Maëlle Poésy, inscrit cette nouvelle édition entre héritage et aspirations, passé et avenir. D’héritage, il sera d’ailleurs souvent question cette année. C’est même le nom de la pièce de Cédric Eeckhout, le comédien metteur en scène incarnant sa mère, Jo, au plateau. Une mère qui l’a élevé seul aux côtés de trois frères. Cédric a beaucoup de choses à nous dire sur elle et sur toutes les femmes puissantes à son image. Jennifer Cousin nous contera quant à elle l’histoire de Martine, dans Mode majeur de la fugue, qui a décidé, la cinquantaine bien entamée, de laisser derrière elle son héritage paysan pour reprendre possession de son temps et de son être, au contact de l’art.
De la terre aussi, on peut donc hériter, une nature façonnée par nos aïeux, pas toujours pour le meilleur, une terre que l’on a exploitée, maltraitée. Avec On ne fait pas de pacte avec les bêtes, Justine Berthillot et Mosi Espinoza unissent leurs talents circassiens pour nous faire pénétrer dans une forêt, convoquant aussi la danse en plein cœur de la forêt amazonienne. Un périple qui est comme un écho à l’installation ANIMA, performance immersive que Maëlle Poésy et Noémie Goudal avaient déjà présentée en 2023 à Dijon, et qui sortira cette fois des murs du TDB. Au Jardin de l’Arquebuse, Chloé Moglia évoluera en suspension au milieu d’animations illustrant l’évolution des paysages, au fil des millénaires. Noémie Goudal « cherche à comprendre comment les scientifiques essaient de trouver des traces concrètes du passé pour interpréter les paysages qui sont connus de nous aujourd’hui ». Fouiller notre passé, dresser un bilan pour tenter de lire l’avenir.
Un futur que les deux personnages d’Éducations Sentimentales ont devant eux, mais aussi un héritage patriarcal, des clichés virilistes à partir desquels ils vont devoir se positionner. Julie Berès et Kevin Keiss adaptent leur pièce La Tendresse et se demandent « Comment être un mec bien aujourd’hui ? ». L’héritage de Ramata et Drissa leur vient du Mali, lorsqu’ils arrivent dans l’Hexagone et souhaitent simplement vivre comme les jeunes de France. Mais comment faire quand tout leur rappelle qu’ils viennent d’ailleurs ? C’est la question à laquelle tente de répondre Eva Doumbia avec Le iench. Claire Rappin travaille elle aussi à partir de souvenirs, les siens, dans Silence vacarme mis en scène par Pauline Ringeade. Claire nous entretient de son enfance et des femmes à la lumière desquelles elle a grandi. Et puisque l’heure du bilan survient parfois plus tôt qu’on ne le pense, Galin Stoev adapte le texte d’Ivan Viripaev, Illusions, deux couples qui se retournent sur leurs passés respectifs. C’est de Russie que nous vient également la troupe du KnAM Théâtre. Nous ne sommes plus… a été écrit en exil, en France, après que la compagnie de Tatiana Frolova ait quitté la Russie au début du conflit avec l’Ukraine, pièce tissée de nombreux souvenirs des membres du KnAM Théâtre. Chercher les lumières du passé, là encore…
– Dominique Demangeot –
Théâtre en Mai, Théâtre Dijon Bourgogne et divers lieux,
du 17 au 26 mai – tdb-cdn.com