À l’Opéra de Dijon, Leonardo García Alarcón dirigera son Ensemble Cappella Mediterranea pour s’emparer de La Passion selon Saint Jean les 30 et 31 mars, aux côtés de la chorégraphe allemande Sasha Waltz, pour célébrer les 300 ans de l’œuvre. Un opéra à découvrir en première française à l’Auditorium, en coproduction avec Sasha Waltz & Guests et le Théâtre des Champs-Élysées,
Si La Passion selon Saint Jean fut moins jouée au XIXe siècle, supplantée par la Passion selon saint Matthieu (1727), aujourd’hui on trouve plus souvent la première sur les scènes du monde entier. « Avec cette œuvre, Bach essaie de s’affirmer à la fois comme compositeur de musique sacrée mais aussi comme compositeur de musique dramatique », explique le directeur musical. « Il fait en quelque sorte «venir l’opéra à l’église» ». La Passion selon Saint Jean dépeint les dernières heures de la vie du Christ, de la trahison de Judas jusqu’à la crucifixion. Des « épisodes très théâtraux » et des « chœurs absolument extraordinaires d’émotions et de souffrance » qui seront aussi portés à l’Auditorium par le Chœur de chambre de Namur et le Chœur de l’Opéra de Dijon.
Cette dynamique narrative constitue une matière riche qui va être exploitée par la chorégraphe et danseuse allemande, avec laquelle Leonardo García Alarcón avait travaillé sur un précédent spectacle (Orfeo de Monteverdi). « Sasha Waltz possède un grand sens de la dramaturgie, de la musicalité et de la respiration qu’elle sait traduire en mouvement comme personne. » Pour la première fois, La Cappella Mediterranea abordera le répertoire de Bach. « J’aime la grande variété de l’instrumentation des airs et la manière dont Bach utilise des instruments anciens comme la viole d’amour, la viole de gambe et le luth qui étaient déjà en train de disparaître à son époque. »
Sasha Waltz s’inspirera probablement de l’élévation spirituelle que permet la musique de Bach, « une joie et une sensualité incroyables, allant même jusqu’à une sorte de légèreté dansante », souligne la chorégraphe qui a choisi de montrer l’action dans un décor épuré, recourant également à des miroirs. La simplicité sera aussi de mise dans les costumes, et la chorégraphe souhaite par ailleurs que résonnent des thématiques toujours d’actualité aujourd’hui. « L’œuvre parle naturellement aussi de fanatisme et de marginalisation. Lorsque Pilate ne trouve rien à redire à Jésus, les réactions du peuple deviennent de plus en plus violentes, se transformant en un maelström dont l’élan leur est propre. »
Propos de Leonardo García Alarcón recueillis par Louis Geisler le 25 janvier 2024
Propos de Sasha Waltz recueillis par Carmen Kovacs, tirés du programme du festival de Salzbourg
Dominique Demangeot
La Passion selon Saint Jean, Opéra de Dijon, auditOrium, 30 mars à 20h, 31 mars à 15h
https://opera-dijon.fr/fr/au-programme/calendrier/saison-23-24/la-passion-selon-saint-jean/