En mars, l’Opéra de Dijon convie l’un des (jeunes) grands noms de la musique baroque, accompagné de son ensemble Pygmalion et de la Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique. Cette fois, c’est à Schubert que Raphaël Pichon consacre une création, en compagnie de la metteuse en scène Silvia Costa. Ensemble, ils mettent au point des tableaux éclairant le travail lyrique, et peu connu, de Schubert.
Photo : Stefan Brion
Sur une quinzaine d’opéras, deux ont été achevés. Il y avait donc matière à explorer ce terrain et le directeur de l’ensemble Pygmalion en a rapporté plusieurs airs, des scènes, de la musique orchestrale, des duos… « pour composer cette sorte de voyage », explique Raphaël Pichon. Un Schubert que l’on connait peu « et qui pourtant a tant à nous dire, encore aujourd’hui, à nous tous, et aussi tant à nous raconter de Schubert lui-même. » Pour présenter ces moments musicaux pris hors contextes, Raphaël Pichon a demandé à Silvia Costa de mettre en scène la série de tableaux, d’où ressortent plusieurs thèmes fondateurs dans l’œuvre du musicien autrichien : le sentiment amoureux, l’errance, « ce fameux ‘wanderer’, ce sentiment d’être étranger à tout pays, la mort bien sûr, cette inlassable quête de lumière dans un monde sombre. »
Silvia Costa a imaginé une histoire en fil rouge, narration qui est aussi « une méditation », souligne encore Raphaël Pichon. Un médecin légiste se dédouble et se voit alors confronté à son propre décès. Et pour conférer une unité à ces différents fragments, la metteuse en scène a composé un livret original en compagnie de la dramaturge Raphaëlle Blin, spécialiste de la langue allemande. « Ensemble, nous avons cherché, mot à mot, ce qu’il était important de dire, dans un allemand le plus proche possible de l’original, dans une écriture fantôme capable de se fondre dans le reste », explique Silvia Costa. Un texte inédit qui chemine auprès des mots d’autres auteurs, Goethe et Heine. L’opéra obéit à des règles que Schubert va bouleverser. « Dès qu’il accepte de s’éloigner de la narration, de s’éloigner des règles, il y a des trésors absolus, extraordinaires, d’une grande vérité. »
– Paul Sobrin –
Propos de Raphaël Pichon tirés d’une interview par l’Opéra Comique, et de Silvia Costa d’une interview par Camille Prost.
L’Autre Voyage, Dijon, Opéra (auditOrium), 6 et 8 mars à 20h
opera-dijon.fr