L’Espace multimédia Gantner propose une nouvelle exposition autour des arts sonores. Deux ans après Donner forme à l’ether, on pourra cette fois découvrir le travail de l’artiste internationale Christina Kubisch, à travers des œuvres de différentes époques, mais qui ont comme point commun la mise à profit des phénomènes électromagnétiques.
L’artiste, pionnière des arts sonores, découvrait les cubes Tesla à la fin des années 1970, déclenchant par accident ces derniers, récepteurs qui permettaient d’amplifier les ondes électromagnétiques et donc les discussions téléphoniques (pour palier l’absence de haut-parleurs à l’époque). Christina Kubisch a étudié cette induction électromagnétique, la faisant passer de technique à outil artistique. Ainsi l’installation Il respiro del mare prend la forme de deux labyrinthes, l’un rouge, l’autre bleu, constitués de fils électriques. Lorsque le visiteur se saisit d’un amplificateur de téléphone modifié par Christina Kubisch, on peut entendre tour à tour le son de l’océan (provenant du labyrinthe bleu) et la respiration de l’artiste (labyrinthe rouge). Le visiteur a tout loisir de moduler chacun de ces sons comme il le souhaite en approchant les cubes des labyrinthes.
Dans son travail, Christina Kubisch explore différents environnements, les univers urbains ou sauvages, la ville comme les forêts, et depuis 2003 elle invite le public, avec sa série Electrical Walks, à arpenter les rues pour tendre l’oreille vers des phénomènes électromagnétiques cachés. Un casque a été spécialement conçu afin de rendre audibles les champs électromagnétiques qui nous entourent. Quant à Remote relations, il s’agit d’une installation sonore in situ, composée de câbles en cuivre, eux-mêmes entrelacés en une épaisse tresse de 25 mètres. Cette dernière descend le long du mur, et chacun des fils la composant aboutit à un haut-parleur, d’où émane une composition basée sur des sons enregistrés sur les îles suédoises Gotland et Farö en 2014 et 2015. Ces derniers ont été recueillis dans l’air ou sous l’eau pour là encore nous faire découvrir des univers sonores véritablement… inouïs !
Les pièces présentées possèdent également une dimension esthétique, à l’image de La Serra, installation sonore mais aussi « serre » artificielle composée de lianes descendant du plafond, soit 1600 mètres de câblage électrique évoquant une sculpture végétale. Muni d’un casque, le spectateur a tout loisir d’y déambuler. Un dispositif d’induction électromagnétique permet là encore d’entendre des sons qui seraient inaudibles à l’oreille seule. Diverses empreintes sonores, cris d’animaux, vent, eau, nous immergent dans une ambiance de jungle tropicale. Les sons se modifient selon l’emplacement du visiteur, pour découvrir, là encore d’une autre manière, notre environnement.
– Paul Sobrin –
Christina Kubisch – Interstices Magnétiques, Bourogne, Espace multimédia Gantner, jusqu’au 15 juillet
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