Le festival Théâtre en Mai s’apprête à réenchanter une nouvelle fois le territoire durant onze jours, dans les lieux partenaires traditionnels, partant des salles du TDB pour aller à l’atheneum, au Théâtre Mansart… mais aussi cette année dans des endroits plus atypiques comme le Jardin de l’Arquebuse. Pour « faire entendre les bruits du monde » comme le propose la nouvelle directrice du CDN, Maëlle Poésy, les compagnies conviées fouillent le réel pour le faire résonner autrement sur les plateaux.
Cette année les artistes nous viendront de France mais aussi du Brésil, du Chili, du Pérou et de Roumanie. Artistes en recherche et parfois en dialogue avec d’autres disciplines, à l’image de la cie Ni desnudo ni bajando la escalera, qui mêlera recherche plastique, chorégraphie et acrobatie (Les quatre points cardinaux sont trois : le nord et le sud). Avec Hamlet, à découvrir sur le plateau de l’atheneum, Chela de Ferrari travaillera avec des comédiens en situation de handicap pour évoquer ce que signifie exister dans une société qui vous considère comme un fardeau. Être ou ne pas être ? Et puis cette autre question, en embuscade : c’est quoi la norme ?
Comme toujours, le festival fera par ailleurs une belle place à la création. En 2023, on découvrira Elazen, du nom d’un lieu de retraite spirituelle où se rend un cadre designer en burn-out. L’occasion pour Chloé Catrin de mêler son écriture à celle de Tchekhov, cette dernière et Lucas Partensky interprétant tous les rôles, traversés de multiples identités. Dans ta peau évoquera aussi ce thème de l’identité, devenir un autre (ou son vrai soi ?) au travers de la création. « À l’heure où les artistes sont encouragés à nous ouvrir une fenêtre sur leur intimité, souvent factice et bâtie de toutes pièces par des agences de com », explique Julie Ménard, « on peut questionner le pouvoir d’attraction de l’anonymat, du sans visage qui finalement en devient mille. Comme dans Dorian Gray, le roman fantastique d’Oscar Wilde, il y a dans cette histoire un prix à payer pour entrer dans la lumière. » Une histoire de représentation(s). On pourra aussi retrouver Mer, créé en novembre dernier dans le cadre du nouveau dispositif Passe-Murailles, par l’artiste associée au TDB Tamara Al Saadi. Après une tournée dans les lycées de Bourgogne-Franche-Comté, la création sera cette fois présentée en salle, pour évoquer les rapports mère-fille, le deuil et l’inceste.
Le festival se déroulera également hors les murs à travers plusieurs propositions, dont celle du Munstrum Théâtre que l’on avait pu rencontrer en janvier dernier avec Zypher Z. C’est une fois encore dans un monde d’après la chute que nous convie la compagnie alsacienne, nous présentant trois rescapés qui retrouvent le sauvage, avec son lot d’anarchies, de présidence « (auto)proclamée » et de monarchie. Sur le ton de la farce (politique) et convoquant le nez rouge clownesque, Clownstrum sera présenté dans un lieu tenu secret, où l’on se rendra exclusivement… en navette !
– Dominique Demangeot-
Théâtre en Mai, Théâtre Dijon Bourgogne (divers lieux), du 18 au 28 mai
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