Fred Morel, artiste associé à La Rodia, achève une résidence d’un an et demi dans la SMAC bisontine, une période de recherche et de création qui se concrétisera le 31 mars prochain par le biais d’un concert, une « kermesse foutraque » du groupe Léaud, formation montée pour l’occasion.
Autour de Fred, guitariste/chanteur, on trouve un batteur (Paul L’Hôte), une chanteuse/instrumentiste (Leeds Chabert), un guitariste claviériste/ producteur de musique électronique (Nathan Debayle) et un multi-instrumentiste (Adrien Bovigny). La formation est complétée par un sixième membre, l’artiste plasticien Théo Debut, issu de l’école d’art de Besançon. Au carrefour de la salle de concerts bisontine, du Bastion (où il répète) et du conservatoire (où il enseigne), le « triangle des Bermudes » comme il dit, Fred Morel s’est inspiré de ce quartier particulier de la capitale comtoise où l’on croise de nombreux artistes (en formation ou confirmés). « Je voulais être une espèce de pont entre tout ça, et faire quelque chose qui gomme les dissensions, les différences, qui réunisse un peu tout le monde ».
Fred Morel a donc trainé ses guêtres (et ses mitaines) dans les concerts de La Rodia, pour s’imprégner des musiques qui y sont jouées, « et pour en même temps essayer de proposer quelque chose de très personnel », ajoute le musicien. « Ce projet sert aussi de tremplin à de nouveaux artistes qui sont, pour moi, hyper doués. J’ai amené des idées de morceaux, des textes, mais la musique devient géniale grâce à eux. Ils l’emportent complètement à leur sauce », précise Fred. Inutile de chercher un style particulier chez Léaud, le groupe s’inspirant du rock indé et du jazz (free), de l’électro, du classique… « On a des morceaux très courts, qui sont limite du punk. Et on a des morceaux qui font huit minutes, qui sont des grandes plages presque hypnotiques et psychédéliques. C’est vraiment une invitation à la poésie sonore, avec toujours un encrage de chanson ». Les textes de Fred vont évoquer Marilyn Monroe, Audrey Hepburn, et même le string de Sting (et ouais).
Léaud, c’est aussi une aventure visuelle par l’entremise de l’artiste plasticien Théo Debut qui installera au plateau un décor laineux, « et qui va actionner sur scène toute une histoire, avec des silhouettes, des châteaux forts en laine… ». On peut avoir un aperçu de l’univers visuel du groupe avec un premier clip réalisé par Théo, littéralement tissé de laine. Du fait maison, du fait main qui rappellera l’esthétique Do it yourself de la première moitié des années 90. Léaud veut en effet prendre le contrepied des vidéos (devenues presque obligatoires) qui prennent aujourd’hui d’assaut les scènes, avec leurs images léchées que l’on retrouvera invariablement sur les comptes Insta des artistes. Pour couronner le tout, le morceau illustré par le clip, 31 Sentimental, a été enregistré en deux heures, un maquettage effectué là encore en interne. Voilà pour le côté un peu punk de Léaud ! « C’est un univers presque enfantin cette laine, un univers de bidouille, de débrouille, quelque chose de l’enfance aussi. La possibilité de rêver tout simplement ! » Après la date de La Rodia le 31 mars, on pourra continuer à rêver avec Léaud le 21 juin sur la scène du Bastion lors de la Fête de la musique.
Propos recueillis par Dominique Demangeot
La Kermesse foutraque de Léaud + Szuhwa Wu (pièce pour violon solo musique contemporaine) + Elisa Flores (cold pop lo-fi), Besançon, La Rodia (Club), 31 mars à 18h30
+ installations artistiques de Théo Debut et Adele Chiarello au bar
https://larodia.com/agenda/la-kermesse-foutraque-de-leaud/