Colmar, Mulhouse, Strasbourg – Le Couronnement de Poppée

Du 24 mars au 30 avril, l’Opéra national du Rhin nous transportera dans la Rome du 1er siècle après JC. Dans cet ultime opéra de Monteverdi, composé en 1642, qui n’avait pas été donné à Strasbourg depuis 2005, l’empereur répudie son épouse Octavie pour faire monter sa maîtresse sur le trône. 

Photos de répétitions – Photo : Klara Beck

Le livret, que Busenello tire des Annales du poète italien Tacite, met en scène des protagonistes qui sont des anti-héros, loin des dieux et demi-dieux, personnages trop humains, amoraux, qui complotent et assassinent (Sénèque le philosophe en fera notamment les frais, réprouvant la relation entre Poppée et Néron). Pour la première fois à l’OnR, c’est Raphaël Pichon qui dirigera son ensemble Pygmalion afin de servir la brillante partition baroque de Monteverdi, pourvue en innovations harmoniques et vocales, et oscillant entre élévation et bouffonnerie. Il s’agira également d’une première, française cette fois, pour le metteur en scène Evgeny Titov, qui aura en charge de composer avec cette œuvre où s’entremêlent, dans de brefs tableaux, l’Amour et la mort, explorant l’échelle sociale, de la nourrice à la haute société romaine, jusqu’aux divinités. Baroque, Le Couronnement de Poppée l’est aussi de par sa riche galerie de caractères, et son rythme soutenu. Les fêtes succèdent aux crimes, la mort au badinage, l’amour à la trahison… et le tragique au comique.

Photos de répétitions – Photo : Klara Beck

Photos de répétitions – Raphaël Pichon – Photo : Klara Beck

 

Comme avec Le Retour d’Ulysse dans sa patrie, Monteverdi crée sa partition pour un orchestre moins important (l’opéra vénitien supprime les chœurs pour raison d’économie). Les arias prennent alors de l’ampleur, tendant à éclipser les récitatifs et à 74 ans, Monteverdi rivalise de modernité face aux jeunes compositeurs (Cavalli, Manelli…). Les sentiments (ambition, désir et passion en tête) s’expriment pleinement ici, à l’image du premier aria dans lequel Néron déclare son amour à Poppée, où alterne puissance et douceur. L’opéra s’achèvera avec les deux amants se dirigeant vers le trône, tandis que résonne le fameux air « Pur ti miro ». Et si au final l’Amour triomphe de la Fortune et de la Vertu, comme annoncé dans le prologue, l’idylle entre Néron et Poppée demeure à la fois pure et entachée de sang.

Marc Vincent

Le Couronnement de Poppée, Opéra national du Rhin
Strasbourg, Opéra, du 24 au 30 mars, Mulhouse, La Sinne, 16 et 18 avril, Colmar, Théâtre municipal, 30 avril
www.operanationaldurhin.eu

 

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