Du 26 au 28 janvier prochains, L’Espace des Arts accueillera Sensuelle, deuxième mise en scène de Jean-Chistophe Folly qui a bâti un huis-clos autour de trois personnages, famille composée d’une mère, de sa fille et du compagnon de cette dernière. Ils se retrouvent à l’heure du goûter et peu à peu, dans le salon et devant la télévision, les langues se délient autour d’une bonne bouteille de Sancerre.
Très tôt dans la pièce, on apprend que la mère de Branche aurait commis l’irréparable…
Oui la mère, qu’on appelle Sensuelle, rentre chez elle après avoir commis un meurtre. Elle a oublié qu’elle avait invité sa fille et son gendre pour le goûter. La police va bientôt débarquer et ils se disent qu’il faut marquer le coup donc ils se mettent à boire des coups justement… Ils boivent, ils boivent et les langues se délient, le rapport mère/fille, le rapport gendre/belle-mère… C’est un triangle amoureux.
Quelle est l’origine de cette nouvelle création ?
Avec Emmanuelle Ramu (qui interprète Sensuelle) je jouais Nous étions assis sur le rivage du monde en Martinique, dans une mise en scène de Nelson-Rafaell Madel. On discutait pas mal en buvant des Ti’ punch et on s’est dit que ça pourrait être marrant d’adapter Emmène-moi au bout du monde ! de Blaise Cendrars, l’histoire d’une comédienne de 80 ans qui débarque et dans la première scène, elle couche avec un légionnaire de 20 ans et lui dit : « Emmène-moi au bout du monde »… On délirait un peu là-dessus et c’est parti de ça ! C’était aussi l’idée d’écrire un texte pour Emmanuelle Ramu et petit à petit ça a mûri, il y a un long monologue qui est né, dans lequel elle parlait d’une fille qui serait sa fille qui s’appellerait Branche. Au bout d’un moment, le personnage de Branche est apparu, et le personnage du copain de Branche, Charles-Étienne, ça s’est construit comme ça.
Le texte était-il totalement écrit quand les répétitions ont commencé ?
Au départ j’écris pas mal de choses comme ça, dans mon coin. Après on travaille au plateau et je me rends compte qu’il y a des choses qui ne fonctionnent pas donc je réécris, il y a des choses qui ne passent pas dans leurs bouches, donc je m’adapte à ce qu’ils ressentent dans le texte. Alors ça s’affine, ça se réécrit vraiment au jour le jour. J’ai aussi écrit par rapport à Emmanuelle, par rapport à William, je leur ai demandé : qu’est-ce qu’ils rêvaient de jouer ?
La musique tient également une place importante dans Sensuelle…
Oui il y a beaucoup de musique, un morceau que j’ai composé notamment, et aussi l’idée d’une chanson et d’une danse, si je peux parler de danse ! C’est plutôt une écoute des corps, comme un corps à trois têtes… Cette écoute entre eux, pour moi ça devient de la danse. Concernant le morceau que j’ai composé, il y a un morceau de Massive Attack qui m’avait bien parlé, j’ai été aussi marqué parce que j’ai travaillé avec Carla Pallone qui était dans Mansfield TYA. Elle faisait la musique de La nuit juste avant les forêts, un spectacle dans lequel je joue. Ca m’a pas mal marqué, les cordes, je trouve ça important les cordes parce qu’on peut ajouter de la démesure. Mêler les violons à une batterie un peu brutale, deux, trois ou quatre cultures qui se cognent et qui donnent une musique… C’est ce que j’essaie de trouver à chaque fois.
Quelle serait le mot de la fin ?
Sensuelle bien sûr ! La sensualité c’est intéressant. J’aimerais bien demander à chaque personne qui vient voir le spectacle : qu’est-ce que ça lui inspire la sensualité ? C’est une question que je me pose et je n’ai pas encore trouvé la réponse, mais en tous cas ils se la posent pendant pas mal de temps sur le plateau… Qu’est-ce que vous en pensez, vous ? C’est quoi la sensualité ?
Propos recueillis par Caroline Vo Minh
Sensuelle, Chalon-sur-Saône, Espace des Arts, du 26 au 28 janvier
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