Potomitan fait référence à la colonne centrale du temple vaudou, symbole de l’axe qui relie la terre au ciel. Ce nouvel album est situé lui aussi entre deux pôles, jazz et traditions caribéennes.
Comme pour l’album précédent, et peut-être encore plus ici, l’improvisation a été un moteur important dans la création de ces onze titres, et dès les premières mesures les cuivres côtoient les percussions traditionnelles. Sonny Troupé est à nouveau présent pour assurer la rythmique, usant du ka, et l’on trouve aussi Boris Reine-Adelaïde au tambour bèlè martiniquais. De mère franco-ivoirienne et de père martiniquais, Sélène Saint-Aimé mêle donc toujours les différentes cultures qui la composent, comme l’illustre Arawak Uhuru, premier extrait qui évoque la langue des Amérindiens des Antilles. Les notes côtoient une fois encore la poésie des mots de Sélène Saint-Aimé, nourrie de l’expérience de la jeune artiste sur la terre de ses ancêtres, s’adressant notamment à sa grand-mère paternelle disparue. Citons ici la belle et troublante Mélisande (à mamie Jacqueline) tissée de sonorités plus classiques et européennes. Le violoniste Mathias Lévy et le violoncelliste Guillaume Latil viennent lui prêter tmain forte sur un thème de Pelléas et Mélisande de Jean Sibélius. Et The Bird reprend un titre de Charlie Parker pour cette fois des couleurs plus jazz.
– Dominique Demangeot –