On avait découvert la chanteuse/contrebassiste à l’hiver 2020 avec Mare Undarum, premier opus sous le signe de la lune qui lui avait valu une Victoire du Jazz 2021 dans la catégorie Révélation. Sélène Saint-Aimé revient dans les bacs avec Potomitan, dont le titre fait référence au poteau central du temple vaudou, symbole de l’axe qui relie la terre au ciel. Ce nouvel album est situé lui aussi entre deux pôles, jazz et traditions caribéennes. On retrouvera la musicienne le 25 novembre prochain à La Lanterne Magique de Beaune.
Photo : Nicolas Derné
Comme pour l’album précédent, et peut-être encore plus ici, l’improvisation a été un moteur important dans la création de ces onze titres, et dès les premières mesures les cuivres côtoient les percussions traditionnelles. Sonny Troupé est à nouveau présent pour assurer la rythmique, usant du ka, et l’on trouve aussi Boris Reine-Adelaïde au tambour bèlè martiniquais. De mère franco-ivoirienne et de père martiniquais, Sélène Saint-Aimé mêle donc toujours les différentes cultures qui la composent, comme l’illustre Arawak Uhuru, premier extrait de Potomitan qui évoque la langue des Amérindiens des Antilles. Un morceau qui tire son origine du bèlè, tout à la fois chant, musique de percussions, danse et récit conté. Et si Beliya s’inspire d’un chant martiniquais, la rumba cubaine et le bouladjel (manière de « beatboxing » guadeloupéen avec bruits de gorge et onomatopées) viennent se greffer sur le morceau pour l’amener encore ailleurs.
On voyage donc beaucoup en écoutant la musique de Sélène Saint-Aimé et c’est en Martinique qu’a été enregistré Potomitan, début 2021 en pleine pandémie. Les notes côtoient une fois encore la poésie des mots de Sélène Saint-Aimé, nourrie de l’expérience de la jeune artiste sur la terre de ses ancêtres, s’adressant notamment à sa grand-mère paternelle disparue. Citons ici la belle et troublante Mélisande (à mamie Jacqueline) tissée de sonorités plus classiques et européennes. Le violoniste Mathias Lévy et le violoncelliste Guillaume Latil viennent lui prêter main forte sur un thème de Pelléas et Mélisande de Sibélius. The Bird reprend un titre de Charlie Parker pour cette fois des couleurs plus jazz.
Chronique de l’album Mare Undarum
Sélène Saint-Aimé, Beaune, La Lanterne Magique, 25 novembre à 20h
Réservations sur le site web de l’office de tourisme de Beaune : https://bit.ly/3TsEWC0