Cette saison, la Filature propose un éclairage sur le travail du chorégraphe Damien Jalet, un « portrait » composé de trois spectacles à découvrir à Mulhouse, mais aussi de deux projections. L’occasion de survoler la carrière d’un artiste en retrouvant des œuvres récentes ou plus anciennes de son répertoire.
Photo : Mats Backer
Le plateau de Skid prend des allures pour le moins inhabituelles puisqu’il est incliné à 34 degrés. Une telle installation est destinée à faire glisser les dix-sept interprètes de la GöteborgsOperans Danskompani (« skid » signifie déraper en anglais). En plaçant les interprètes dans un réel déséquilibre, leur danse voisinant avec l’univers circassien et l’acrobatie en particulier, le chorégraphe influe sur leurs déplacements et leurs mouvements. Il les contraint à combattre la gravité. Repousser les limites de ses interprètes est pour Damien Jalet un moyen de les faire aller ailleurs. Sur une musique électro acoustique (un remix par Christian Fennesz de symphonies de Gustav Mahler), ces derniers s’appuient sur leurs déséquilibres et leurs fragilités.
Ce grand plateau blanc incliné n’est décoré que par les ombres des corps qui s’y affairent et se découpent sur la surface immaculée. Ils tombent et tentent parfois de remonter, seuls ou s’aidant les uns des autres, droits face à l’adversité tels des lemmings dans le célèbre jeu vidéo ! La pièce oscille alors entre une dimension ludique, rappelant par certains côtés les toboggans glissants de notre enfance, et le danger imminent de la chute ou du geste répétitif, tel Sisyphe faisant rouler sans fin son rocher… Comme une métaphore de l’existence.
– Paul Sobrin –
Skid, Mulhouse (+ SAABA de Sharon Eyal), La Filature, 15 et 16 novembre à 20h
lafilature.org