Strasbourg Mulhouse – Le Chercheur de trésors à l’Opéra national du Rhin

L’opéra de Franz Schreker, créé à Francfort en 1920, sera présenté pour la première fois en France à l’Opéra national du Rhin. Si Le Chercheur de trésors, œuvre postromantique inspirée des contes médiévaux, connait un grand succès à l’époque de sa création, elle sera cependant interdite par le Troisième Reich et tombera dans l’oubli.

Dans les années 1920, les opéras de Franz Schreker furent presque aussi célèbres que ceux de Richard Strauss, et on les associe aujourd’hui à la fin de l’âge d’or viennois. L’avènement du Troisième Reich viendra mettre un terme à la carrière du compositeur en Autriche, qui était de religion juive. Le Chercheur de trésors, dont le livret fut rédigé par Schreker lui-même, a été repris récemment par le Deutsche Oper de Berlin, coproduit avec l’Opéra national du Rhin, remettant en lumière les brillantes orchestrations du compositeur qui appréciait les contes de fée du Moyen-Âge (teintés ici d’érotisme, en particulier dans le troisième acte).

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Celui qui créa par ailleurs le Chœur Philharmonique de Vienne en 1908, connait un premier succès en 1912 avec Der Ferne Klang (Le son lointain présenté il y a dix ans à l’OnR en première création française), imposant l’esthétique du Jugendstil, mouvement apparu à Vienne à la fin du XIXe siècle, composé des nouveaux courants en réaction à l’académisme (impressionnisme, symbolisme…). Dans Le Chercheur de trésors, la Reine perd le bijou qui lui assure à la fois sa beauté et sa fertilité. Elis, le ménestrel du roi, est alors chargé par son souverain de le retrouver en s’aidant de son luth enchanté. Ce dernier a en effet le pouvoir de trouver les trésors cachés. Le ménestrel va devoir composer avec les ambitions d’Els, la fille d’un aubergiste, qui souhaite elle aussi s’emparer du bijou magique par tous les moyens possibles (meurtre compris…). Elle n’hésitera d’ailleurs pas à accuser le ménestrel de ses propres crimes. La partition, qui s’inspire notamment de Mahler et Strauss, sera interprétée par l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg sous la direction de Marko Letonja.

Christof Loy adapte ce conte de fées et s’avoue « fasciné par les pièces mettant en scène des figures féminines complexes », comme il l’explique lors d’une conversation avec Dorothea Hartmann, dramaturge du Deutsche Oper de Berlin, « des femmes qui ne sont jamais totalement coupables ou victimes. » Le metteur en scène est intéressé par la liberté du personnage de Els, mais aussi par la figure de l’artiste que représente Elis le ménestrel qui part en quête du bijou de la reine. « Il est plus qu’un simple artiste : c’est quelqu’un qui cherche le bonheur. » L’opéra de Schreker pose également une loupe sur le fonctionnement de la société, sa hiérarchie et ce qu’il faut accomplir parfois pour gravir l’échelle sociale ou simplement éviter le déclassement. Le Bouffon jouera enfin un rôle particulier, possédant davantage de pouvoir qu’on ne le pense. « Déjà dans le prologue, il envoûte tout le monde lorsqu’il décrit le chercheur de trésors. […] Sans le Bouffon, le chercheur de trésors n’existerait pas », souligne encore le metteur en scène.

– Marc Vincent –

Le Chercheur de trésors, Strasbourg, Opéra, du 28 octobre au 8 novembre, Mulhouse, La Filature, 27 et 29 novembre – operanationaldurhin.eu

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