Un titre d’album comme un clin d’œil aux fans du groupe (que l’on sait fervents). Les Britanniques sont de retour avec un huitième album pour s’assurer que leurs admirateurs/trices (j’ai bon en écriture inclusive ?) ne veulent toujours pas les laisser partir (en retraite). Le temps passe et le groupe n’avait pas sorti d’album studio depuis Loud Like Love en 2013.
Never Let Me Go s’ouvre sur une énième chanson autour des paradis artificiels – une grande tradition chez Placebo – : « It’s so good when I feel nothing/ It’s so good when I’m not there » chante Brian Molko sur Forever Chemicals, cherchant l’oubli dans les substances illicites. Attention, « Explicit Lyrics » comme nous prévient Deezer. Vous en reprendrez bien un peu, propose Brian sur Chemtrails, alors que Went Missing évoque ces tentations qu’il ne parvient pas à satisfaire. Vous aurez compris l’idée. On va dire qu’en 2022 comme en 2002, les raisons de se réjouir ne courent pas les rues. Heureusement Placebo est là pour nous réunir dans un stade, histoire de chialer sur cette bonne vieille planète terre qui part en vrille. Parce que la musique de Placebo elle, est restée la même comme on s’en rend compte sur Beautiful James, premier single, du Placebo pur jus, sur une base de clavier très présent/clinquant, ce genre de refrain ultra mélodique et la voix caractéristique de Brian Molko optant désormais pour cheveux long de top modèle et moustache de camionneur (c’est son choix). Try Better Next Time est du même acabit.
Quant au talent de mélodiste du bassiste/claviériste Stefan Olsdal, il n’est plus à prouver. Le grand échalas se fait plaisir sur The Prodigal débordant de cordes, titre en lévitation. Du côté des morceaux un peu plus électro, signalons Surrounded By Spies. Quelques progs bien placées également sur Sad White Reggae (c’est vrai qu’on n’imagine pas vraiment les fans de Placebo se balançant sur du reggae), ou encore l’évanescent Fix Yourself, tandis que This Is What You Wanted reste dans une veine plus organique avec arpèges de piano et de guitare qui s’entremêlent tout au long de ce morceau planant. Finalement Placebo ne s’est pas embêté à vouloir révolutionner le truc et sa musique fleure encore (bon) les années 90. C’est d’abord pour ça qu’on n’a pas envie de les laisser partir.
– Jean-Bernard –