RECUEIL
Grasset
Les éditions Grasset publient un recueil de textes écrits par la journaliste et romancière entre 1968 et 2000. Joan Didion, disparue en décembre dernier, livre ici quelques brillants exemples de la manière unique qu’elle avait de chroniquer la vie américaine.
Pour tout vous dire réunit, pour la première fois en langue française, ces quelques articles qui traitent tour à tour de la presse locale underground, florissante à la fin des années 60, de l’écriture (et notamment ses échecs dans le domaine de la nouvelle !), des thématiques diverses comme une réunion de joueurs anonymes et de vétérans, ou encore le traitement posthume de l’œuvre d’Ernest Hemingway.
Ces articles et préfaces rédigés à différentes époques font évidemment une large place à une Amérique que Joan Didion n’a eu de cesse d’observer durant sa longue carrière. Une Amérique qui prône avant tout la réussite sociale, quitte à laisser des millions de gens sur le bord de la route. Le rêve américain (et californien en particulier) n’est peut-être qu’un «leurre» comme le fait remarquer Chantal Thomas, de l’Académie française, dans sa préface. L’Amérique telle un mirage, figée comme le sourire de Nancy Reagan devant un parterre de journalistes, un mythe à l’image de l’extravagant manoir du magnat de la presse William Randolph Hearst à San Simeon. Joan Didion pointe de sa plume ce « consensus social », que détestait notamment son ami le réalisateur Tony Richardson, auquel elle rend un bel hommage. Dans cet ouvrage qui n’était pas destiné à paraître de manière posthume, on retrouve son regard si particulier, qui traque le détail. « Élague, dégraisse, va au fait », lui recommande-t-on dans ses premières années chez Vogue. Elle n’oubliera jamais ce conseil.
– Paul Sobrin –