Nouvelle réunion au sommet pour Neil Young et le Crazy Horse qui publiaient en décembre un 41e opus, sobrement baptisé Barn, et enregistré quelque part dans les Rocheuses.
Welcome Back, électrique mais en mode tranquille, ne saurait mieux documenter en musique ces retrouvailles. « Je chante ainsi depuis si longtemps / En traversant la tempête. » Après avoir écrit quelques standards folk et inspiré la vague grunge dès les années 70 en compagnie du Crazy Horse, on aurait pu s’attendre à ce que la suite soit moins flamboyante pour Neil Young. Mais le Loner et son inséparable band sont toujours là, se retrouvant au fil du temps. C’est une formation apaisée qui ouvre le disque avec Song Of The Seasons, trahissant la satisfaction de quatre septuagénaires de toujours jouer ensemble après toutes ces décennies. On le sait notamment depuis le mythique Rust Never Sleeps en 1979, Neil Young apprécie les ambiances live, et c’est encore le cas sur ce 41e service. Le Canadien reste un conteur hors pair comme on s’en rend compte sur They Might Be Lost. Barn dévoile une face acoustique, Neil au piano ou à la guitare sèche, mais Mister Daryl Hannah n’a pas délaissé l’électricité et ressort son antique Les Paul « Old Black ». On trouve ainsi sur ce nouvel album un bon panel d’ambiances endiablées, du midtempo nostalgique et ronflant (Heading West, Young se souvenant de ses tendres années quand il collait l’oreille à la voie ferrée pour entendre le train arriver), à la pulsion électrique de Human Race.
À la case country folk introspective, citons Tumblin’ Thru The Years où Young et ses comparses reviennent sur les années passées. Signalons la présence de Nils Lofgren, ex E-Street Band, qui a rejoint le Crazy Horse et côtoie Young depuis la fin des années 60. Il est pas mal présent aux claviers, à l’accordéon et à la guitare. Avec Canerican, Neil Young évoque sa double nationalité, et son rapport avec les USA – il a acquis récemment la nationalité américaine, histoire de pouvoir bouter Trump hors de la Maison Blanche lors des élections de 2020 -. Il faut dire que Neil Young n’a rien perdu, à 76 ans, de son engagement. « Rock’n’roll can never die », chantait-il en 1979 sur l’album Rust Never Sleeps. Ce demi-siècle de carrière ne peut que lui donner raison.
– Dominique Demangeot –