L’Orchestre Dijon Bourgogne mariera musique et patrimoine le 16 novembre prochain, en conviant à la Cathédrale Saint-Lazare d’Autun le violoniste Renaud Capuçon, la pianiste Pauline Perret, sous la direction de la cheffe brésilienne et israélienne Debora Waldman. L’ODB et leurs invités commémoreront le centenaire de la disparition de Camille Saint-Saëns à travers deux des pièces du compositeur, et compléteront le programme avec la Symphonie n°3 de Félix Mendelssohn.
Un autre anniversaire sera celui de la cathédrale gothique Saint-Lazare d’Autun, qui fête en 2021 ses 900 ans. Ce programme proposé par l’ODB célèbre ce presque millénaire, en partenariat avec la Ville d’Autun et l’association Opus 22. Introduction et Rondo Capriccioso, écrit en 1863, est dédié au violoniste espagnol virtuose Pablo de Sarasate. Si l’introduction est posée, le rythme s’accélère progressivement jusqu’à une apothéose rimant avec virtuose. Renaud Capuçon s’est frotté très tôt à cette pièce incontournable pour tout violoniste, sur son album Le Bœuf sur le toit sorti en 2001.
De Saint-Saëns, on pourra également entendre le Concerto pour piano n°5, créé en 1896. Ce grand voyageur, admirateur du Moyen-Orient en particulier, composa ce concerto en Égypte, au Caire et à Louqsor. L’andante central s’inspire, selon les dires de Saint-Saëns, d’un chant d’amour nubien entendu sur le Nil, bien que ce mouvement trahisse aussi l’amour de Camille pour l’Espagne. Notons deux passages solistes aux harmonies particulières, évoquant aussi les sonorités du gamelan, instrument traditionnel de l’île de Java. Ailleurs la musique nous fait entendre les stridulations des grillons et les coassements des grenouilles, tandis que le final évoque, dans les premières mesures, le bruit sourd des moteurs de bateau.
Des rives du Nil, on passe avec Félix Mendelssohn à la brume écossaise de sa Symphonie n°3 en la mineur op. 56. Débutée en 1829 à la faveur d’un voyage en Écosse, que Mendelssohn découvrira en l’arpentant à pied en compagnie de son ami auteur et librettiste Karl Klingemann, l’œuvre ne sera achevée qu’en 1842. Écrite en hommage à la reine Victoria, cette symphonie s’inspirerait aussi de la chapelle mortuaire en ruines de Mary Stuart, à l’autel brisé, comme semblent en témoigner les premières mesures emplies de retenue et de recueillement. On reconnait dans la pièce quelques inflexions médiévales, ainsi que des thèmes de danses folkloriques écossaises. Le deuxième mouvement s’inspire ainsi d’une gamme pentatonique écossaise, plus apaisée, à l’image des montagnes des Highlands. Quant au final, il se montre contrasté puisque le compositeur confronte La mineur et La majeur, alternant pénombre et pleine lumière, figurant là encore un paysage de montagne.
Paul Sobrin
Orchestre Dijon Bourgogne, avec Renaud Capuçon, Pauline Perret et Debora Waldman, Autun, Cathédrale Saint-Lazare, 16 novembre à 20h
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