Pour la 24ème fois se tiendra, à Besançon, le samedi 16 et le dimanche 17 octobre 2021, le festival des littératures policières, noires et sociales. Rencontre avec Thierry Loew, président de l’association Pas sérial s’abstenir qui organise l’évènement. On rappelle que, comme pour toute manifestation publique, sans que les organisateurs en soient responsables, le passe sanitaire est obligatoire.
Ce festival en est à sa 24ème éditions, peux-tu nous rappeler comment il est né ?
En 1997, avec Manu Cèbe, on a été invités à Sang d’encre à Vienne, un festival de littérature policière qui était organisé par Guy Girard, un Bisontin. Par hasard, on s’est retrouvé à boire des coups avec Cesare Battisti et Guy Girard qui nous ont conseillé de monter un festival à Besançon.
Notre idée, que l’on a réussi à maintenir au fil des années, c’est que les gens puissent, comme c’était arrivé à Manu Cèbe et moi, discuter réellement avec des auteurs autour d’un verre. Je n’aime pas trop les séances de dédicaces qui se font à la chaîne où les lecteurs n’ont pas le temps d’échanger avec l’auteur. L’apéro-concert que l’on organise le samedi ou notre traditionnelle pétanque du dimanche matin permettent réellement aux amateurs de littératures policières d’échanger de vrais moments de convivialité avec les écrivains invités.
Cet esprit chaleureux et convivial se ressent dans la fidélité d’auteurs confirmés, comme Jean-Hugues Oppel et Jérôme Leroy, pour le festival.
Jérôme Leroy et Jean-Hugues Oppel sont devenus des amis. J’aime bien l’idée qu’il y ait des auteurs confirmés et des plus jeunes. Ce sont des garants confraternels et conviviaux, ils aident généreusement à passer le témoin à des auteurs plus jeunes, à les mettre en lumière.
Le festival ne se résume pas à des séances dédicaces et à toutes les rencontres informelles que les visiteurs pourront avoir avec les auteurs, il y a aussi des rencontres-débats, la première d’entre-elles, samedi à 16h, a lieu avec l’écrivaine Sophie Chabanel.
Sophie Chabanel est allée faire des maraudes sociales avec le Samu social et la Croix Rouge lyonnaise. Elle a apporté des livres aux SDF, ça peut paraître ridicule, mais il n’y a pas que le ventre qui a besoin d’être nourri, l’esprit aussi. Je le sais d’autant plus que je suis moi-même travailleur social. Et le livre permet de nouer des relations et d’engager un dialogue avec des personnes au parcours chaotique. Elle a mesuré dans cette expérience à quel point ce genre d’accidents de vie peut nous arriver à tous. Les SDF d’aujourd’hui sont aussi des personnes issues des classes moyennes qui ont vécu un drame et qui ont petit à petit sombré.
Le dimanche matin, tu organises un débat autour de la littérature jeunesse, dans laquelle on trouve beaucoup d’auteurs de polar, avec Danielle Thièry et Jérôme Leroy.
Ce sont deux auteurs qui font de la littérature jeunesse avec sincérité, on sent qu’ils ne répondent pas simplement à une commande d’éditeur. On voit que ces deux auteurs écrivent ce type d’ouvrages parce qu’ils en ont vraiment envie.
Danièle Thièry est une ancienne flic, ses romans sont nourris de son expérience. Dans ses livres jeunesse, il y a la même exigence que dans ses polars, elle nous amène dans des mondes sombres, interlopes. Il y a beaucoup de porosités entre le bien et le mal, les flics sont toujours à la limite.
Jérôme Leroy prend la jeunesse au sérieux, il lui propose des problématiques qui sont celles de l’époque. C’est pour moi aussi un grand auteur jeunesse. Sa trilogie Lou après tout, ça me fait penser à L’An 01 de Gébé, faut-il détruire le monde pour en construire un nouveau ?
Le dimanche après-midi aura lieu en plein air, donc sans obligation de passe sanitaire, un débat autour de la littérature et des gilets jaunes.
Jérémy Bouquin est un travailleur social qui a déjà écrit pas mal de livres. Dans son roman Colère jaune, il est question d’une femme qui élève son enfant seule et qui en allant vers les gilets jaunes va sortir de sa solitude. C’est un roman qui présente de l’intérieur le mouvement des gilets jaunes et sa diversité, tous ne viennent pas chercher la même chose.
J’ai invité Frédéric Vuillaume, lui-même gilet jaune bien connu à Besançon, non pas pour qu’il nous parle politique mais pour qu’il nous raconte cette expérience humaine qu’a été ce mouvement, la diversité des gens qu’il a rencontrés.
24e Festival des littératures noires et sociales, Besançon, salle Proudhon, 16 et 17 octobre
Propos recueillis par Martial Cavatz