Châtillon-sur-Seine – Elzear du 16 au 18 juillet

L’avant-dernier spectacle de la saison conduira le public du Théâtre Gaston Bernard hors les murs, au Centre équestre de La Barotte à Châtillon-sur-Seine, pour découvrir une création de la cie Les Chevaux Célestes. Rencontre avec l’artiste-cavalière Céleste Solsona.

Le titre du spectacle fait référence à une nouvelle de Jean Giono, L’homme qui plantait des arbres
On était au tout début de la création du spectacle, et dans une des conversations, Mira, qui est la chanteuse, me disait que ce spectacle va montrer de nouvelles choses, on va semer des graines. J’avais fait une relecture du livre et c’est vraiment ça qui m’était resté, c’était cet homme qui sème des graines sans se soucier de ce qui va pousser. C’était un peu notre intention avec Elzear de montrer une autre manière d’être avec les chevaux.

Travailler avec des chevaux en liberté est d’ailleurs au cœur de votre démarche au sein de la compagnie.
Oui l’idée c’est de partir de la relation, c’est cela qui m’intéresse. En observant ces animaux – si on part du principe que nous sommes aussi des animaux -, j’ai pu comprendre, petit à petit, leur manière de vivre, leur manière de communiquer. Tout mon travail c’est d’essayer d’utiliser un langage qui est au plus proche du leur, utiliser leur langage pour qu’eux me comprennent et qu’ils puissent se sentir bien avec moi. Et que de cette communication, arrive le jeu. C’est cela qui ressort dans le spectacle : les animaux sont le moins contraints possible, et ils viennent jouer avec moi, c’est ça qui surprend beaucoup les gens. Souvent on a l’habitude de voir des animaux qui sont dressés, enrênés, qui répondent à des sollicitations parce qu’ils ont à manger. Et là ils sont avec moi parce qu’il y a une relation qui s’est créée pendant toutes ces années, et qui continue de se créer parce que je suis en perpétuelle recherche.

Elzear - Photo : Jean-Claude Fourez
Photo : Jean-Claude Fourez

Elzear semble très loin des spectacles de cirque traditionnel.
On n’est pas du tout en recherche de la performance ou du dressage, mais comment on est en lien avec un autre animal, qui a une autre manière de vivre et un autre langage. On arrive quand même à se comprendre et ça peut donner lieu à des belles choses.

Et cette relation ne passe d’ailleurs pas nécessairement par la parole ?
C’est en cela que je vais me différencier de beaucoup des méthodes classiques, vu que j’utilise très peu la voix, parce que le langage des chevaux est silencieux et corporel. Même si le langage des êtres humains est aussi corporel, il passe beaucoup par la voix, et du coup ça vient briser ce silence qui fait partie du monde des chevaux. Ils sont beaucoup plus dans la subtilité que nous, dans la sensibilité, et c’est ça qui m’intéresse. On en est tout à fait capables nous aussi, mais dans le monde dans lequel on est, on en est un peu coupés malheureusement.

Elzear - Photo : Jean-Claude Fourez
Mira Céti – Photo : Jean-Claude Fourez

La voix humaine intervient cependant dans Elzear, avec Mira Céti qui chante dans ce projet.
On a fait toute une recherche de chants d’hommes qui vivent et qui travaillent avec des animaux. Souvent ce sont des chants de bergers, il y a un chant corse et d’autres chants qui parlent de la relation des hommes à la nature. Il y a aussi des improvisations qui sont nées dans le travail. Mira me regardait avec des chevaux, des sonorités lui sont venues. On s’est rendu compte avec amusement que certaines sonorités donnaient aux chevaux plus ou moins envie de courir, de jouer, donc on joue un petit peu avec ça !

Tous vos spectacles durent à peu près trente à quarante minutes. Est-ce le temps qu’un cheval est capable de vous accorder sur une représentation ?
C’est vraiment le temps maximum pour un spectacle avec trois chevaux. Souvent dans les spectacles équestres, il y a plus de chevaux et ce sont des tableaux, ils rentrent et sortent, ils ont le temps de se reposer. Là c’est tout sur scène, et c’est le temps maximum pour que les chevaux aient envie de jouer. C’est pour cela que quand on me sollicite pour jouer le spectacle plusieurs fois dans la journée, la plupart du temps je refuse parce qu’il faut pouvoir garder cette fraîcheur de l’animal qui a envie.

Les chevaux peuvent-ils parfois dévier et faire des choses auxquelles vous ne vous attendiez pas forcément ?
Tout à fait, le spectacle est à chaque fois différent, parce qu’on travaille avec du vivant. Là en l’occurrence on travaille avec trois juments qui ont toutes les trois un caractère affirmé. Il y a des jours où il y en a une qui est pleine d’énergie, puis le lendemain ce sera une autre. Malgré le fait que le spectacle soit tout de même assez structuré, assez écrit pour ne pas qu’on se perde avec Mira, ma priorité c’est d’être à l’écoute de mes chevaux. Si je vois qu’il y en a un qui est un peu fatigué, je vais prendre un peu plus de temps. Il peut aussi y avoir un petit peu de stress, selon les environnements. C’est cela aussi qui touche le public, le temps qu’on prend avec eux. C’est cela qui les touche plus que la performance.  

Propos recueillis par Dominique Demangeot

Elzear, Châtillon-sur-Seine, Théâtre Gaston Bernard (au Centre équestre de La Barotte), 16 mai à 14h30 et 17 mai à 19h – http://theatregastonbernard.fr

céleste solsona, cie les chevaux célestes, mira céti, prise de cirq

Powered by WordPress. Designed by Woo Themes

WordPress SEO fine-tune by Meta SEO Pack from Poradnik Webmastera