INDIE POP
Domino / Sony Music
En 2018, Frànçois Marry avait emboîté le pas de Baudelaire, et avait fait siens les vers du poète maudit en les mettant en musique. L’album, Les fleurs du mal, avait également donné lieu à quelques concerts en clair-obscur. Le leader des Atlas Mountains revient s’exposer cette fois en plein soleil avec un septième album cosmopolite, Banane bleue, qui le voit défricher de nouveaux terrains. Disque nomade, plus épuré, peut-être aussi plus personnel de la part du musicien qui préfère sa maison des Landes à la grisaille urbaine.
C’est en compagnie du Finlandais Jaako Eino Kalevi qui a assuré la production, que François opère son grand retour. Cette Banane bleue a mûri entre Berlin, Paris et Athènes, le titre d’ouverture mêlant d’ailleurs cinq idiomes, français, italien, finnois, espagnol et grec. Jaako a troqué son ancien tram (qu’il conduisait à Helsinki) pour une petite voiture, une petite FIAT pas très rapide, voire une Vespa qui nous ébouriffe la crinière quand on sillonne les routes de campagne. Banane bleue nous fait voyager léger, et Frànçois de nous signifier que l’Europe c’est peut-être autre chose, et surtout bien plus, qu’une communauté de moutons-consommateurs en marche. L’Europe, ça sert aussi à tailler la route et s’aérer l’esprit « on the highway ». Ou alors ralentir, prendre son temps « sous un arbre ». L’épure propre au musicien finlandais, on la retrouve tout au long de cette Banane bleue, comme l’illustre à merveille la première piste acoustique avec arpèges de guitare et section de cordes, dolce vita douce-amère (mais douce tout de même), une constante sur ce septième album.
Frànçois a misé sur des mélodies évidentes et des arrangements efficaces, comme sur le refrain pop de Julie, une pop indie garantie sans confinement et sans OGM, même si la mélancolie n’est jamais loin. Un album de ritournelles, ritournelle de claviers avec Par le passé, de voix sur Holly Golightly. Le fait que les deux hommes aient enregistré leur petit bazar dans des home studios n’est peut-être pas pour rien dans l’ambiance légère de l’album, l’insouciance d’un disque « feel good » mais faussement superficiel, pour chasser la morosité ambiante, comme l’illustre le chant susurré de Lee-Ann & Lucie, le titre comme un poème à lui seul avec ses liquides assonances et ses allitérations caressantes. Un lâcher prise qui fait du bien.