Le Bex’Tet – Round Rock

JAZZ

Le Triton / L’Autre Distribution

C’est en famille qu’a été mis en boîte Round Rock, le nouvel album d’Emmanuel Bex qui collabore avec son batteur de fils Tristan ainsi qu’un ami, Antonin Fresson qui taquine la guitare électrique. Le Bex’Tet, que l’organiste a fondé en 1990, est ici réactivé à l’occasion de ce nouvel album frappé du sceau… rock, au sens d’ébranler, bousculer les lignes.

Bex'Tet - Round Rock - Chronique album

En effet la clé de ce disque, on la trouve peut-être dans le titre Jacques Brel Always, où Emmanuel Bex l’organiste donne pour une fois de la voix pour lire un texte de l’auteur du Plat Pays, sur des programmations électroniques. « Quand tu as envie de faire un truc, il faut plonger », valorisant ainsi la prise de risque, crédo particulièrement valable dans le jazz. Prendre des risques et déplacer les frontières, d’où ce titre, Round Rock.

C’est au son de la Marseillaise que l’auditeur est accueilli, mais une Marseillaise revue à la sauce Bex’Tet, l’hymne hexagonal en mode 2.0 qui alterne la bien connue mélodie martiale et des envolées jazz rock, sans oublier un solo de guitare en fin de morceau. Quant au blues Sometimes I Feel Like a Motherless Child, il est également repris par le trio, tout en délicatesse au début, la six cordes assurant la mélodie bien connue, avant qu’Emmanuel ne prenne le relais pour porter encore ailleurs ce negro spiritual traditionnel. « Qu’est-ce que le blues au sens (très très) large d’aujourd’hui et d’ici ? » est la question qu’a souhaité soulever Emmanuel Bex à l’occasion de ce nouveau disque. Toujours du côté des standards, mais dans un registre diamétralement opposé, le Bex’Tet reprend la traditionnelle J’irai revoir ma Normandie, titre où affleure la nostalgie. Le blues est là encore tout indiqué pour adapter ce morceau écrit par Frédéric Bérat en 1836. Un bel hommage d’Emmanuel à sa région natale, originaire de Caen.


Le répertoire proposé dans Round’Rock est particulièrement riche, et le trio « Bex² Fresson » prompt à visiter les quatre points cardinaux, de la chanson française au blues, en passant par le swing, le bop voire des climats plus synthétiques. À l’orgue ou au Keytar, Bex père mène la marche mais laisse toute latitude à ses deux collègues pour apporter leurs propres couleurs, batterie tour à tour précise et volubile, guitare affûtée. Emmanuel Bex a par ailleurs puisé dans son répertoire et en a ramené notamment It’s open datant de l’album Open Gate en 2009 (l’ouverture, toujours !) ou encore le racé et nerveux Bleu et Vert (publié à l’origine sur Organique en 2007). Avec Charlie of course, citation-hommage à Parker bien sûr (what else ?), on reste sur une cadence alerte, funky à souhait, et l’expression virtuose des trois compères. Quant à Manèges, quelques beats synthétiques s’immiscent dans le tempo pour aller explorer encore de nouveaux territoires. Si Pour Alain est un hommage tout en pudeur à Alain Guerrini, Station Saint-Denis Basilique enclenche au contraire le turbo, aiguillonnée là encore par des samples rythmiques, avant une deuxième partie plus apaisée – on entend même des oiseaux -. Sur la dernière piste, Bex et compagnie reviennent à la Marseillaise pour une version cette fois acoustique, Emmanuel empoignant l’accordéon pour l’occasion, faisant une dernière fois sa fête à notre hymne poussiéreux. Belle irrévérence.

En ce moment, on peut également entendre l’orgue d’Emmanuel Bex sur la dernière création du saxophoniste Guillaume Saint-James, Symphonie Bleu (chronique ici).



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