Weezer – OK Human

POP ORCHESTRALE

Crush Music/Atlantic Records

On ne l’attendait pas, cet album de Weezer, occupé qu’est le groupe à mettre les dernières touches à la sortie de Van Weezer, son hommage au métal, au printemps prochain. Mais ici, peut-être ébranlé par un certain confinement, Rivers Cuomo délaisse sa six cordes et se met au piano pour ce OK Human qui regorge d’arrangements pour orchestre classique. Classieux.

Weezer - OK Human - Atlantic Records - Chronique album

Un piano, mais aussi (excusez du peu) un orchestre symphonique, 38 pupitres pour habiller ces nouvelles chansons que l’on découvre sur OK Human. Les maîtres ès pop californienne n’ont rien perdu de leur allant, même sans power chords. Et puis se faire accompagner par un orchestre symphonique, c’est finalement revenir à quelques fondamentaux de la pop, ceux qui ont été forgés au milieu des années 60 par les Beatles, les Beach Boys (période Pet Sounds) et pas mal d’autres dans leur sillage, obsédés par les arrangements et les mélodies ciselés. Quant aux guitares, elles sont quasiment absentes de cet opus surprise, mais l’on retrouve tout de même la batterie de Pat Wilson (le contraire eût été sacrilège), et quelques accords acoustiques et discrets sur Numbers. On ne peut d’ailleurs qu’être impressionnés par la manière dont chaque instrument classique s’intègre dans ces arrangements pop, comme l’illustrent par exemple les ponts musicaux du sémillant Aloo Gobi (comment ne pas penser aux Fab Four en écoutant ces chœurs et ces triolets de cuivres ?), ou encore Grapes Of Wrath.

Ailleurs des ballades à l’image de Bird With A Broken Wing (et son côté retro seventies) ou encore Dead Roses, creusent encore davantage le sillon mélodique d’OK Human. On remarque vite que le talent de songwriter de Rivers Cuomo ne s’est pas évaporé dans les fils de cuivre une fois l’électricité débranchée. Le chanteur à lunettes n’a pas son pareil pour trousser des refrains parfaits. OK Human n’est pas non plus dénué de l’humour caractéristique de Weezer, quand le groupe se moque par exemple des réseaux sociaux (All My Favorite Songs) ou fait allusion à un titre des Beatles avec le primesautier Here Comes The Rain. Sur Playing My Piano, Rivers Cuomo fait allusion à la pandémie (« Je devrais retourner faire ces interviews par Zoom », « Je ne vois jamais le soleil, comme si je vivais dans un utérus ») , le musicien coincé chez lui devant son piano. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cet empêchement l’inspire et le rend particulièrement lyrique ! Mais on reconnait évidemment aussi la patte rock de Cuomo et ses collègues. Les cordes sur des titres comme Grapes Of Wrath et Screens sonneraient presque comme des riffs de guitare, et le refrain de Numbers, qui arrive comme un lumineux relâchement après un couplet quelque peu mélancolique, nous confirme que Weezer demeure l’un des groupes à suivre. Il faut aussi dire quelques mots sur la pochette magnifiquement dessinée par l’artiste suédois Mattias Adolfsson, condensant tout ce qui fait le sel d’OK Human, décalée, rétro-futuriste, dense et organique.

atlantic records, chronique album, critique disque, ok human, pop orchestrale, rivers cuomo, weezer

Powered by WordPress. Designed by Woo Themes

WordPress SEO fine-tune by Meta SEO Pack from Poradnik Webmastera