Jane Birkin – Oh ! Pardon tu dormais…

CHANSON POP

Universal Music / Barclay

Voici douze ans que Jane Birkin n’avait pris la plume, depuis l’album Enfants d’hiver en 2008 sur lequel elle écrivait des paroles en français pour la première fois, évoquant notamment sa famille et son enfance. Oh ! Pardon tu dormais… se fait davantage crépusculaire. C’est sur les musiques d’Étienne Daho, qui produit le disque, que la Britannique adoptée par la France pose ses textes, un nouvel album particulièrement introspectif et très personnel.

Jane Birkin - Oh ! Pardon tu dormais... - Chronique album

Premiers accords de piano pour la chanson-titre qui ouvre le disque, entre Heures hindoues et Ballade de Melody Nelson. Un morceau que Jane interprète avec Étienne Daho, compositeur de ce très bel album qui a la classe des Chansons de l’innocence retrouvée, l’opus du grand retour d’Étienne en 2013. Pour « ce travail à trois » comme le dit la chanteuse, qui a également collaboré avec Jean-Louis Piérot (Les Valentins, Bashung…), Jane Birkin s’est notamment inspirée de la pièce de théâtre éponyme qu’elle avait écrite il y a une vingtaine d’années, le récit d’une rupture, étude post-mortem de la fin d’un amour. Oh ! Pardon tu dormais… est un album en mode mineur, une véritable signature musicale évidemment très gainsbourgienne, qui parcourt quasiment toutes les plages de l’album. Il est vrai que l’usage des cordes, cette basse jouée au médiator (À marée haute, couleur « brumes d’Angleterre », Catch Me If You Can), font indéniablement référence à l’époque de L’homme à la tête de chou et Histoire de Melody Nelson. Je voulais être une telle perfection pour toi !, avec Jane en spoken word et Étienne aux chœurs, nous rappelle que Birkin et Daho sont des ex-fans des sixties. Quant à la chanteuse, elle maîtrise parfaitement sa voix et fait honneur à ces treize titres classieux, s’aventurant parfois sur une tonalité basse qu’on ne lui connaissait pas.

Pour Ghosts, Jane retrouve sa langue maternelle, joliment escortée par un chœur d’enfants, pour converser avec ses chers et chères disparu.e.s. Sur Dans ces murs, la mort rôde encore puisque Jane imagine ce qu’il se passe là, tout près, sous terre dans la tombe. Oh ! Pardon tu dormais…, avec son titre à double sens, est aussi une méditation sur le temps qui passe. D’une certaine manière, Jane ne s’épargne rien sur cet album. On voit cependant poindre une éclaircie avec Les jeux interdits, retour salvateur à nos jeux d’enfants, morceau très pop, voire solaire, tout comme Pas d’accord, la chanteuse réglant ses comptes avec le sentiment amoureux. Et malgré les arrangements planants de La Sentinelle, avec sa guitare aérienne, la chanson reste une ballade douce amère, à l’image de cet album.

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