Lors du prochain festival Art Danse (13 mars-11 avril 2021), la chorégraphe d’origine américaine DD Dorvillier, artiste associée au CDCN, présentera notamment In One Room dans un espace qui vient d’être aménagé dans la mairie des Grésilles, une déclinaison de sa série A catalogue of steps qu’elle mène depuis plusieurs années. En décembre, l’artiste était au Frac Franche-Comté pour préparer cette série. L’occasion pour Diversions de la rencontrer et d’évoquer son travail.
Pouvez-vous nous présenter le principe des Catalogue of steps ?
C’est quelque chose que j’élabore depuis 2012. C’est une période de mon parcours artistique quand j’étais beaucoup plus jeune entre 1990 et 2004. Pour ce projet, je sélectionne des vidéos d’œuvres que j’ai créées à l’époque, puis je découpe et numérote tous les fragments dansés. Il y en a 300.
Ici au Frac Franche-Comté de la Cité des Arts, à Besançon, vous inaugurez justement un nouveau fragment.
Chaque fois qu’on monte ce qu’on appelle la visite d’une collection du catalogue, on choisit des nouveaux fragments, et pour celui-là, ça s’appelle « A catalogue of steps in one room » donc un catalogue des pas dans une seule pièce. On a fait beaucoup de présentations de visites dans des musées ou dans des espaces muséaux. On accorde un fragment par espace. Ici c’est plutôt dans une seule pièce, où l’on va pouvoir travailler en boucle à peu près dix fragments différents. On peut donc avoir une boucle de 15 secondes, 8, 10 fois de suite. L’idée c’est de voir ce qu’il reste de la chorégraphie maintenant, ce qu’il reste de la danse. Je me pose toujours cette question : quand le danseur arrête de danser, où va la danse ?
Comment les interprètes s’approprient-ils ces fragments ?
Le projet actuel est une collaboration avec Cécile Bart, où elle fait un tri des fragments choisis, je fais à nouveau un petit tri et elle choisit encore. On essaie d’en trouver entre 8 et 10. Ce travail de tri n’est pas évident, mais il est un peu la base de ce que va devenir la visite, parce qu’il faut comprendre la relation entre chaque fragment. Les choses les plus difficiles sont je pense le travail de tri. Il faut vraiment prendre le temps. Je vais expérimenter les fragments dansés et l’espace de Cécile.
Quel est votre parcours en tant que danseuse ?
La première danse que j’ai apprise c’était chez ma voisine à Puerto Rico, la danse polynésienne, qui n’est pas une danse classique. Ce n’est pas une danse qui est basée sur des lignes qu’on projette dans l’espace, mais qui est plutôt en relation avec le Nord, le Sud, l’Est, l’Ouest, la terre, l’air, la mer, le mouvement de la nature… Et donc cette chose était complétement organique pour moi, je ne me rendais pas compte à quel point c’était important. Après j’ai pris des cours de ballet, d’acrobatie, et c’est seulement longtemps après que j’ai compris que cette danse polynésienne, vraiment féminine et liée profondément à la nature, m’avait donné une base, même si je n’en étais pas consciente. Quand j’ai déménagé aux États-Unis, j’ai fait la fac à Bennington College dans le Vermont, et c’est là où j’ai improvisé. J’ai connu la composition, et j’ai habité à New York pendant une vingtaine d’années où j’ai créé beaucoup d’œuvres qui font partie du corpus de A catalogue of steps. Ensuite je suis venue en France en 2010 et j’y habite depuis. J’habite en Bourgogne et je viens de construire avec mon partenaire un studio de danse et de musique dans le jardin.
Festival Art Danse, Dijon, du 13 mars au 11 avril 2021 – Programme complet à venir : http://art-danse.org/