Présentée le 8 septembre à 19h, lors d’une soirée où le public a pu (enfin !) retrouver les gradins du théâtre, la nouvelle saison du Centre Dramatique National Besançon Franche-Comté sera composée de 17 pièces, trois créations et cinq co-productions. Diversions vous propose un premier survol de la programmation, avec un focus sur les compagnies Lieux-Dits et tg STAN, venant présenter chacune deux spectacles entre octobre et décembre, ainsi que la nouvelle création de Célie Pauthe, qui mettra en scène l’une des dernières grandes tragédies de Shakespeare, Antoine et Cléopâtre, en janvier 2021.
Pour l’heure, le festival d’ouverture, La Guinguette contre-attaque, se poursuit jusqu’au 4 octobre (voir notre article ici), une entrée en matière, et surtout un retour du centre dramatique dans la vie culturelle locale après plusieurs mois de fermeture au public. L’équipe du théâtre elle, n’avait pourtant pas chômé en préparant cette saison qui s’annonce. « Nous avons été très touchés pendant ces longs mois de fermeture par vos messages d’amitié, vos manifestations de solidarité », a souligné hier Célie Pauthe en préambule de la soirée. Durant cette nouvelle saison, plusieurs des spectacles qui n’ont pu être programmés en raison de la pandémie seront présentés en 2020-2021, dont le bien nommé On voudrait revivre de Chloé Brugnon, les 18 et 20 septembre dans le cadre de La Guinguette contre-attaque, ou encore La Méduse démocratique, mis en scène par Anne Monfort du 2 au 4 octobre. Le CDN accueillera également cet automne sept compagnies en résidence de création, dont cinq compagnies régionales.
Comme d’autres structures, le CDN Besançon Franche-Comté a fait l’impasse sur la traditionnelle brochure de saison, privilégiant des documents trimestriels (automne – hiver – printemps) pour présenter sa programmation en trois phases. Sur le site web du théâtre cependant, la programmation entière est affichée. Une manière de rester réactifs face à l’évolution des conditions sanitaires. Seize cartons, illustrés par Iris Levasseur (que l’on retrouvera cet automne en exposition au Musée des beaux-arts) évoqueront par ailleurs les différentes propositions, de manière individuelle. Du côté des abonnements, ceux-ci sont suspendus pour cette saison, au profit d’une grille tarifaire spéciale, simplifiée avec un tarif plein de 14 euros, un tarif réduit de 12 euros aux critères d’accès élargis et un tarif moins de 30 ans et minima sociaux de 6 euros. Des tarifs dégressifs sont également proposés.
Les 13 et 14 octobre, le premier spectacle, Lettres non-écrites, est une proposition que le metteur en scène David Geselson fait au public bisontin! Les jours de représentation, quelques spectateurs et spectatrices sont invités à confier à David une lettre qu’ils auraient aimé écrire à un être cher, et qui viendra s’ajouter à toutes celles qui lui ont été données par le passé. C’est la spécificité de cette pièce que de mêler les histoires intimes et le savoir-faire de la compagnie Lieux-Dits. Le spectacle est chaque soir un peu nouveau, enrichi des lettres de nouveaux spectateurs. On retrouvera David en décembre avec Le silence et la peur, autour de la figure de Nina Simone pour évoquer les histoires coloniales de manière générale.
La compagnie belge tg STAN sera présente une première fois du 2 au 4 novembre, avec Poquelin II, adaptation libre de L’Avare et du Bourgeois Gentilhomme. Avec leur « style basé sur l’improvisation, sur une certaine insolence », comme le souligne Renaud Serraz, nouveau secrétaire général du CDN, les sept membres de tg STAN proposent une version contemporaine de la farce. La compagnie sera de retour du 15 au 17 décembre, avec Après la répétition, adaptation du huis-clos d’Ingmar Bergman, mettant aux prises un metteur en scène et une jeune comédienne, « qui raconte cet enchevêtrement parfois si indémêlable entre vie intime et acte de création », comme le dit Célie Pauthe.
Du répertoire classique, on passera au contemporain en novembre avec Les serpents, mis en scène par Jacques Vincey du 17 au 19 novembre, adaptant un texte de Marie Ndiaye, pour un trio de comédiennes entre thriller et comédie. « Une pièce à la fois animale, et à la fois allégorique, qui renvoie aux zones troubles de nos inconscients, de nos peurs archaïques », comme le dit le metteur en scène, à propos de cette pièce qui se déploie autour d’un règlement de compte familial. Citons enfin la prochaine création de Célie Pauthe, Antoine et Cléopâtre, à découvrir du 21 au 29 janvier prochains, autour du trio formé par le couple passionnel, et le jeune Octave. Ce dernier représente au contraire l’ordre et la mesure, et deviendra l’empereur Auguste, jetant les bases d’un nouvel empire, « une ère dans laquelle nous vivons encore aujourd’hui », souligne Célie Pauthe. Le public retrouvera notamment Mélodie Richard et Mounir Margoum (qui avaient pris part à Bérénice) dans cette nouvelle traduction d’Irène Bonnaud accompagnée par les chansons de Mohammed Abdel Wahab, musicien égyptien des années 30 et les poèmes de Constantin Cavafy. « On pourrait se demander, si Antoine et Cléopâtre n’avaient pas perdu cette guerre, si notre monde ne serait pas lui-même un peu différent », s’interroge la directrice du CDN. « Est-ce que cette ligne de démarcation entre l’Orient et l’Occident n’aurait pas été un peu plus floue. Est-ce que nos imaginaires n’auraient pas été eux-mêmes différents ? ».
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