SOUL
Blue Note / Universal
Après Nat King Cole & Me en 2017, Gregory Porter publie son septième disque, traçant son chemin entre jazz et pop, une galette à la palette musicale particulièrement diverse, mais tout de même solidement enracinée dans la soul et le gospel. Ce nouvel opus couronne dix années d’une carrière internationale, où le chanteur démontre toute l’étendue de son registre vocal.
Sur Dad Gone Thing, la voix du chanteur monte même jusqu’aux cieux, avec pour ascenseur un gospel teinté de jazz, tout comme sur le premier single Revival, dont le titre tourne en boucle sur les chaîne musicales. Il faut dire que Gregory Porter est l’un des rares chanteurs actuels à faire poindre la soul et le jazz dans le circuit mainstream. Pour en arriver là, le chanteur a sorti l’artillerie lourde. Ce septième album accueille un chœur de dix voix et une session de cuivres, deux atouts pour cette galette gravée entre Los Angeles et Paris, entre les studios Capitol et Saint-Germain. Quant aux cordes de l’Orchestre Symphonique de Londres (ah, l’intro de Modern Day Apprentice…), elles ont fait un détour par Abbey Road. Il faut dire que les orchestrations sur All Rise sont particulièrement présentes, une production brillante pour faire honneur au roi de la soul qu’est Gregory Porter.
Mais comme il le chante sur Concorde, Porter n’oublie pas le milieu ouvrier d’où il est issu (il évoque aussi l’absence de son père sur Dad Gone Thing). Le clip du single All Rise s’ouvre quant à lui sur des images des émeutes de Los Angeles dans les années 60. Merchants Of Paradise est un long morceau de six minutes qui s’aventure sur des terrains contrastés, dont des moments jazzy, pour évoquer la situation faite aux enfants dans les pays en guerre. Long List Of Troubles est un blues rock cuivré. Sur All Rise, Gregory Porter nous fait la totale : les slows langoureux sur lits de cordes, façon Motown (Faith In Love, Everything You Touch Is Gold), portés par une voix qui place évidemment le barbu parmi les crooners les plus en vue de sa génération (on en connaît beaucoup qui le suivraient sur son manège, comme il l’invite à le faire sur Merry Go Round). Quant au titre If Love Is Overrated, il s’emboîterait à merveille dans la setlist d’une comédie musicale, avec sa ferveur, son lyrisme, et la voix chaude de Porter. Ce dernier livre sans conteste l’un de ses meilleurs albums, tant et si bien qu’on a envie de paraphraser l’un des titres de ses chansons. Everything You Touch Is Gold.