Reportage sur l’exposition par Diversions
En ce mois de novembre 2019, le Musée des beaux-arts et d’archéologie fête la première année qui fait suite à sa réouverture. Pour l’occasion, le musée bisontin monte une grande exposition qui met en lumière François Boucher (1703-1770), peintre de la cour de Louis XV, oublié par la postérité et figurant pourtant parmi les grandes figures de l’art pictural au XVIIIe siècle. L’exposition s’intéresse à une période de dix ans durant laquelle Boucher créera des sujets chinois.
Autour d’esquisses réalisées en 1742 pour la manufacture de tapisseries de Beauvais, qu’il conserve depuis deux cents ans, le Musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon propose une grande exposition, reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture, autour du travail de François Boucher, qui fit « de la Chine une des provinces du rococo », comme l’ont dit les Goncourt. L’artiste fut également un collectionneur passionné d’objets asiatiques, avec près de 700 pièces recensées, des objets d’une grande diversité à découvrir à Besançon. Une cinquantaine de pièces ont été sélectionnées pour l’exposition, boîtes de laque, instruments de musique, statuettes, cadenas… Ce cabinet des merveilles lui servira également en tant qu’artiste, comme en témoigne le recueil qu’il fera publier par un marchand d’estampes, Gabriel Huquier, présentant des figures qu’il aura lui-même dessinées. L’exposition présentera ces estampes à l’eau-forte, mises en regard avec des modèles asiatiques.
Vidéo focus sur quelques pièces de l’exposition
130 pièces en provenance d’Asie et d’Europe sont présentées dans l’exposition, issues de prêts de musées et de collections privées, documentant de manière très précise le travail de François Boucher sur une décennie, ainsi que son influence dans le développement de l’attrait pour la Chine au XVIIIe siècle. Rappelons que Boucher, hormis son travail autour de la Chine, sera un artiste prolifique ayant traité tous les sujets picturaux, des scènes mythologiques aux paysages, de la peinture religieuse aux animaux. L’exposition va également montrer combien ce favori de la Marquise de Pompadour peut être considéré comme « un inventeur et même un entrepreneur ayant une conscience aiguë des enjeux artistiques et sociaux de son époque ».
François Boucher sera l’un des plus fervents représentants du style rocaille, encore appelé rococo, qui s’appliquera presque exclusivement aux arts décoratifs en France, un style qui met en avant les formes complexes, une certaine asymétrie, ainsi qu’une influence orientale. On pourra notamment admirer le décor chinois réalisé par Antoine Watteau vers 1710, représenté dans l’exposition par douze estampes de Boucher et deux peintures de Watteau qui ont subsisté. La manufacture de Beauvais passera commande à l’artiste de dix petits cartons transposés à grande échelle par le peintre Dumons, pour la seconde Tenture chinoise. Six seront utilisés pour la tapisserie, dont les six pièces seront réunies pour la première fois depuis le XVIIIe siècle, à l’occasion de l’exposition. Une section est également consacrée à la peinture chinoise de Boucher, qui n’a jamais été exécutée sur chevalet, mais pour des dessus-de-portes ou encore à l’occasion de scènes d’intérieurs ou « tableaux de mode » datant de la fin des années 1730. L’exposition présente également dessins et estampes, inspirés de modèles chinois et adaptés au goût européen. Ces créations étaient ensuite utilisées par les artisans pour des écrans, les décors de porcelaines et le mobilier.
– Dominique Demangeot –
Une des provinces du Rococo. La Chine rêvée de François Boucher, Musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon, du 9 novembre 2019 au 2 mars 2020
www.mbaa.besancon.fr
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