Le musée départemental Albert & Félicie Demard propose cet été sa nouvelle exposition, qui fait écho au lien étroit unissant le bourg de Champlitte… au Mexique. Rêves Mexicains n’est pas une exposition temporaire, mais s’installe de manière permanente dans un espace de 80m² dédié à la belle aventure de Haut-Saônois qui ont quitté leur terre natale pour le nouveau monde.
C’est le 19 septembre 1833 que 98 habitants de Champlitte et des environs, mais aussi de Côte d’Or et de Haute-Marne, quittaient le port du Havre pour se rendre au Mexique. Ils seront suivis par près de 200 autres de leurs compatriotes jusqu’en 1860. L’envie d’une vie meilleure, à 10.000 km de là, des gelées successives sur les vignes ayant entraîné de terribles famines. Convaincus par Stéphane Guénot, un entrepreneur originaire d’Autrey-lès-Gray ayant fait l’acquisition de terres à Jicaltepec, que l’herbe est plus verte de l’autre côté du monde, il semble improbable que ces aventuriers aient pu imaginer que près de deux siècles plus tard, des échanges à la fois culturels et économiques perdureraient. Un jumelage unit en effet depuis 1986 les habitants de la Haute-Saône et ceux de San Rafael et Jicaltepec/Nautla au Mexique.
Parmi les pièces maîtresses de cette nouvelle exposition, citons le crâne de cristal, qui côtoie le panoramique Les Sauvages de la mer Pacifique, et fait référence à la civilisation aztèque. La directrice du service des Musées de Haute-Saône, Julie Chevaillier, nous explique que c’est devant ce fameux panoramique que Stéphane Guénot a fait miroiter aux habitants un monde d’abondance, un Eldorado à conquérir. Le crâne de cristal, à découvrir jusqu’au 30 novembre, participe de ce même attrait pour le merveilleux, chef d’œuvre longtemps attribué à la civilisation Aztèque, représentant une divinité qui règne sur Mictlan, le monde des morts pour les Mexicains. Ce crâne constitue un prêt exceptionnel du musée du Quai Branly- Jacques-Chirac, découvert au XXème siècle, et dont l’origine mystérieuse fascine aujourd’hui encore. L’exposition Rêves Mexicains présente bien d’autres pièces: photographies de portraits, paysages, statuettes précolombiennes ainsi que des objets ramenés du Mexique, à l’image d’un moulin à café, emporté par les colons de Haute-Saône, puis revenu à son point de départ ! « On raconte une histoire humaine et collective », explique Julie Chevaillier. « C’est un lien de cœur avant tout ». À l’occasion de cette nouvelle exposition permanente, le musée de Champlitte a passé une commande à l’artiste Benoît Huot. L’autel des morts fait référence à la spiritualité indigène, encore très présente aujourd’hui dans la culture mexicaine, un syncrétisme unissant traditions chrétienne et païenne. El Dia de los muertos – le Jour des morts -, est une fête traditionnelle mexicaine qui rend hommage aux ancêtres, célébration que les habitants de Champlitte se sont d’ailleurs appropriée depuis 2016. Elle sonne ainsi la fin de la saison culturelle des musées départementaux de Haute-Saône dans une ambiance de fête. Rêves Mexicains présente également une création élaborée lors d’une résidence de l’artiste Caroline Desnoëttes. Cette dernière et des élèves de l’école élémentaire de Champlitte ont créé une allégorie du jumelage. Une belle occasion de sensibiliser les plus jeunes à l’échange entre les peuples.