Pour la deuxième année consécutive, le Centre chorégraphique national de Bourgogne Franche-Comté, VIADANSE, et l’Association Interjurassienne des Centres Culturels mènent un projet d’éducation artistique et culturelle en danse, entre France et Jura suisse. D’autres partenaires sont associés tels que MA avec Granit, ainsi que des établissements scolaires des deux côtés de la frontière. L’opération qui se déroulera jusqu’en 2020, mêle les villes de Belfort, Montbéliard, le Canton du Jura et le Jura bernois, insufflant une dynamique d’éducation artistique et culturelle.
L’originalité de Territoires Dansés en Commun, ou TDC, est que le dispositif s’adresse à deux types de publics, d’une part les scolaires, qui se voient ainsi sensibilisés aux disciplines artistiques et à la danse en particulier, et d’autre part ce que l’on nomme communément les personnes ressources, enseignants, professeurs de danse, médiateurs culturels qui suivent une formation via TDC. Son objectif ? Transmettre dans les meilleures conditions possibles la danse à divers types de publics, enfants et adultes, publics scolaires, empêchés… L’an dernier, Diversions a pu suivre plusieurs ateliers se déroulant dans le cadre de Territoires Dansés en Commun, qui ont eu lieu entre l’Aire urbaine et le Jura suisse.
Jean-Christophe Bleton faisait partie des intervenants la saison dernière. Le chorégraphe, directeur de la compagnie Les Orpailleurs, a également l’expérience de la formation, expert national Danse à l’école. « J’ai trouvé tout à fait novateur que cette proposition émane d’un centre chorégraphique national et qu’elle s’intéresse aussi à l’international et au transfrontalier ». L’un des objectifs de Danse à l’école est « de rendre les gens autonomes dans leur création et dans leur rapport à la danse ». Un travail est effectué sur le mouvement et sa qualité, en lien avec le temps, l’espace, l’énergie… Libre à chaque danseur d’utiliser le matériau qu’il souhaite pour dispenser ses cours. Éric Lamoureux, co-directeur de VIADANSE avec Héla Fattoumi, avait choisi de s’appuyer sur leur création Masculines, pour travailler notamment sur les clichés des postures selon les genres. Quant à Regina Meyer, chorégraphe et assistante de Nathalie Pernette, elle est partie du langage, et de verbes d’action en particulier, autour desquels les stagiaires ont bâti leurs chorégraphies.
Les restitutions des ateliers sont toujours des temps forts. L’an dernier, nous avons rencontré Angela Vanoni, danseuse chorégraphe qui a donné des ateliers entre Aire urbaine et Suisse, dans le cadre des Chemins vers la danse. Elle a notamment rencontré les jeunes élèves de Carole Häni, professeure des écoles à l’école maternelle de Bure en Suisse, non loin de Delémont. Ensemble, elles ont préparé le spectacle de fin d’année, présenté le 2 juin à VIADANSE. L’une des courtes pièces présentées s’inspirait d’OSCYL d’Héla Fattoumi et Éric Lamoureux. Le 8 décembre dernier, c’est à l’issue d’un atelier mené dans le cadre de TDC que les restitutions du projet Jonction ont été données. Des amateurs ont pris part à une chorégraphie créée à l’occasion de l’inauguration de la ligne ferroviaire entre Belfort et Delémont. La pièce a été donnée deux fois, du côté suisse puis du côté français.
À terme, le projet doit permettre de développer tout un ensemble d’activités, autour d’un noyau de personnes ressources préalablement formées et sensibilisées aux questions d’éducation artistique et culturelle en milieu scolaire. « Il n’y a pas de Danse à l’école en suisse », nous explique Carole Häni. « Pour moi c’était une première ». Carole et Angela ont suivi les ateliers TDC, et chacune a pu ainsi évoluer respectivement dans sa pratique d’enseignante et de formatrice. Ce fut également le cas de la chorégraphe suisse Noelia Tajes qui est intervenue quant à elle auprès d’élèves du Collège Vauban à Belfort, mais aussi d’adultes de l’EPIDE Belfort (Établissement pour l’insertion dans l’emploi). Il est intéressant de constater que ces deux publics ont été mêlés pour présenter un spectacle commun le 2 juin à VIADANSE. Conscience du corps et valorisation de ce dernier, étaient les objectifs de Noelia pour ces ateliers. Car au-delà de la danse en tant qu’art et pratique physique, elle permet également de valoriser « sa personne et son identité », comme le souligne Noelia. Là encore, être acteur et s’exprimer par soi-même est une notion clé des ateliers dansés dans le cadre de TDC. Maxime Rollier, professeur d’éducation physique au Collège Vauban, apprécie ces moments d’échange, et l’écoute que les stages permettent d’instaurer entre collégiens et adultes. « C’est une approche intéressante pour leur parler de l’art », remarque Maxime.
– Dominique Demangeot –