Depuis octobre, des étudiants du Conservatoire ainsi que les classes de théâtre et de danse du Scènacle mettent au point un spectacle à découvrir le 15 décembre prochain. Baptisé Une boîte et des joujoux – Quand l’univers de Debussy et la culture Hip-Hop ne font qu’un, le projet fait se rencontrer les mondes de la musique classique et du hip-hop. Un travail transversal où convergent différentes esthétiques, finalement bien dans l’esprit du caractère avant-gardiste de la musique de Claude Debussy.
La Boite à joujoux est à l’origine une œuvre de Claude Debussy, dont on célèbre en 2018 le centenaire de la disparition. Invité par l’artiste peintre André Hellé à composer la musique d’un ballet pour enfants, Debussy commence par créer une version pour piano, dédiée à sa fille Claude-Emma, dite « Chouchou ». C’est à partir de cette version qu’a travaillé Anne Vernet-Trésillard, professeur de piano au CRR, en l’adaptant pour deux pianos. De la version orchestrale que Debussy, trop affaibli par la maladie, ne pourra achever, a été extraite la partie de percussions. Le projet inclut ainsi également des élèves de la classe de percussions. « Il y a quatre percussionnistes sur le projet », explique Marion Fretigny, professeur de percussions au CRR. « Ils interviennent par petites touches. Ce n’est pas de la percussion constitutive, mais qui colore et montre musicalement la boîte à joujoux telle qu’elle est ». Car l’un des enjeux de cette œuvre pour le jeune public était bien de donner à voir les jouets qui prenaient vie comme par magie. Si le violoniste André Caplet, chargé de terminer la partition orchestrale, s’interrogeait sur la capacité à traduire l’« apparence » et « les gestes anguleux de personnages de carton », un ballet sera bien créé en 1919 à Paris, dans une chorégraphie de Robert Quinault, avant d’entrer deux ans plus tard au répertoire des Ballets suédois.
C’est Quentin Juy, professeur de hip-hop au Conservatoire du Grand Besançon, qui est chargé de porter l’adaptation dansée de l’œuvre, en compagnie de quelques-uns de ses élèves, une chorégraphie qui a vu le jour cet été à l’occasion d’un spectacle à la Citadelle de Besançon, mais revue ici sur le plateau de l’Auditorium, et en s’adaptant à la musique de Debussy. Durant les répétitions, un dialogue s’instaure peu à peu entre les danseurs et les musiciens. Les élèves ont une partition à respecter, mais on leur demande aussi de s’impliquer en proposant par moments de petites créations personnelles, des rythmiques improvisées au piano, et des sonorités à inventer aux percussions pour colorer l’histoire. Quentin invite les danseurs à enregistrer ces parties musicales avec leurs smartphones pour travailler chez eux la chorégraphie qui va découler de ces séances… C’est véritablement un travail d’équipe ! « Mon objectif était de rendre cette partition spatialisée, pour qu’elle puisse venir participer aux échanges entre musiciens et danseurs », explique Anne Vernet-Trésillard. Également comédien, Quentin a invité des élèves de l’atelier pré-cursus théâtre au Scènacle qui seront récitants dans le spectacle. En première partie, des élèves plus jeunes présenteront une petite création, manière d’illustrer l’esprit des Ateliers de pratiques collectives par l’improvisation. « On sort des difficultés apparentes que peut représenter la lecture d’une partition par l’envie de créer », souligne Anne. « Là l’instrument devient le prolongement de ces envies musicales ». Le projet montre ainsi aux élèves, qu’ils viennent des classes piano, percussion, du théâtre ou de la danse, que l’on peut communiquer même si l’on ne possède pas le même langage artistique.
– Dominique Demangeot –
Une boîte et des joujoux – Quand l’univers de Debussy et la culture Hip-Hop ne font qu’un, 15 décembre à 20h, Auditorium du Conservatoire du Grand Besançon
Gratuit sur réservation (03 81 87 87 00 ou pendant les horaires d’ouverture de l’accueil du Conservatoire