Article publié dans l’édition d’octobre 2018 de Diversions (consulter ici)
Le Moulin de Brainans et La Vapeur nous invitent dans le Wisconsin cet automne en conviant William Z Villain, un Américain qui a élu domicile en France, et proposait l’an dernier un premier opus éponyme, où l’on rencontre le musicien seul avec sa guitare National Resonator, huit cordes et non six comme d’ordinaire, pour nous livrer ses complaintes blues.
Même pas trentenaire, c’est donc la musique du Diable qui a ses faveurs, une partition que William agrémente de piano et de percussions, un art dont la dimension acoustique joue à plein ici. Le label français Normandeep Blues Records ne s’y est pas trompé et lance en France le jeune gratteux. Celui qui est également maraîcher, possède définitivement un son très personnel, et un talent certain pour installer des climats étranges dans ses chansons. Passant d’une voix de fausset – Spike My Brain – à un registre plus bas – Clave -, le bonhomme semble également prendre un malin plaisir à jouer avec les tonalités, rechercher cette très mince dissonance qui rend un morceau inclassable… et envoûtant même souvent !
Anybody Gonna Move prend des allures de cabaret, gorgé d’échos et d’ondes venues d’on ne sait où, Tippy Tippy Top change de tempo sans crier gare, et la voix serpente sur cette architecture sonore en équilibre incertain. Si l’on retrouve bien une ambiance bluesy sur ce premier album – un blues plutôt situé dans un bayou humide et infesté de caïmans affamés -, le chanteur avoue apprécier également le rebétiko, musique populaire grecque. Une tradition qu’il a probablement découverte alors qu’il chantait dans la chorale de l’église dans son Wisconsin natal. Et l’on retrouve en effet dans le répertoire de William Z Villain des sonorités et des rythmes qui nous emmènent ailleurs, d’autant qu’il parsème également son disque de sons glanés ici ou là en pleine nature, chats, crapauds, criquets ! Son jeu de guitare très particulier n’est pas non plus étranger à cette originalité musicale, d’autant que sa voix hantée rappelle parfois – et notamment sur le sublime Home – un Thom Yorke en transe. Le jeune musicien apparait d’emblée comme un sorcier du son, un chaman dont les recettes sonores puisent dans divers terreaux, et devraient à coup sûr vous titiller les tympans le 6 octobre ou le 12…
– Manu Gilles –
William Z Villain, Moulin de Brainans (+ invité), 6 octobre à 20h30
La Vapeur, Dijon, 12 octobre à 20h (avec Jake La Botz)