Un nouveau cycle s’ouvre pour le festival des arts de rue. L’Abattoir, nouvellement labellisé CNAREP – Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public -, proposera désormais un sous-titre à chaque édition de son festival. Pour 2018, ce sera « Être bête – Point d’interrogation », exploration de la relation homme-animal. Les festivals IN et OFF de Chalon dans la Rue se préparent à accueillir plus de 150 spectacles, cinq jours de tumultes artistiques partout dans la ville.
Comme chaque année, la programmation de Chalon dans la Rue se veut internationale, et les lieux sont quant à eux… multiples ! À ciel ouvert, dans des cours, et même des appartements comme avec Homies, installation dansée qui évoque la vie intime, issue du laboratoire artistique de la compagnie Asphalt Piloten. Ici nuls mots, mais le corps et son langage, des postures pour raconter notre vie au quotidien. À d’autres moments, le texte reprendra ses droits. Ainsi avec Sainte Dérivée des Trottoirs, un texte de Faubert Bolivar, originaire de Port-au-Prince, le public ira à la rencontre d’une prostituée qui nous parle de notre société tellement cruelle envers les laissés-pour-compte, les marginaux. Une poésie en prose, adaptée pour l’espace public, qui fait se côtoyer tradition vaudou et esthétique contemporaine.
Les arts du cirque ont bien évidemment toujours leur place à Chalon dans la Rue, mais un cirque loin des poncifs avec animaux en cage et clowns blancs. Un cirque contemporain, que l’on a tendance à qualifier de « nouveau », qui va s’abreuver à plusieurs disciplines, théâtre, musique, littérature, danse… La compagnie Bêtes de Foire – Petit Théâtre de Gestes réunit Laurent Cabrol, circassien et Elsa De Witte, costumière-comédienne, qui forment un duo où surgissent tour à tour le cirque, les arts de la marionnette, le théâtre et la danse. Les arts de la rue explorent aussi l’actualité. C’est le cas avec Oussama, ce héros, d’après un texte de Dennis Kelly, auteur de théâtre, qui nous présente un adolescent sur la pente de la radicalisation. Quant à Piégé en surface, de la compagnie 100 issues, il fait allusion à l’effondrement d’une mine au Chili, médiatisation inattendue des conditions de travail des classes populaires. Les nouvelles technologies ont également fait leur apparition dans les arts de la rue depuis quelques années, comme nous le montrera Marco Barotti avec The Woodpecker. Les ondes émises par les téléphones mobiles et internet, d’ordinaire inaudibles, sont ici transformées en sons par de drôles d’oiseaux mécaniques et électroniques. Une expérience auditive à vivre dans les rues de Chalon-sur-Saône !
Le festival ménagera également des espaces d’expression dans la ville, dont s’empareront des créateurs à l’occasion d’événements dédiés. Trois projets seront ainsi conduits à l’été 2018 dans le cadre de Chalon dans la Rue. L’Espace des Tentatives, sur la place Sémard, invite des équipes artistiques à se rencontrer, dans le cadre de résidences au CNAREP durant l’année, et sur le festival pour une restitution des recherches menées en amont. Deux rencontres auront lieu pour cette première année : Ex Nihilo (danse en espace public) versus Beaucoup Beaucoup (duo de musique électronique) et Collectif Protocole (jongleurs massues) versus Alexandre Verbiese (guitariste), Pierre Tereygeol (guitariste) et Jules Stromboni (performeur, écrivain, dessinateur). Ces rencontres se tiendront trois jours durant, de 14h à 20h.
Le Quai de Saône accueillera, les vendredi et samedi soirs, plusieurs propositions artistiques, avec en fil rouge une performance funambule, 24h sur un fil, durant laquelle Johanne Humblet restera un jour entier suspendue au-dessus de la Saône, du vendredi minuit au samedi minuit.
Le dimanche, aura lieu un temps fort dédié à la thématique homme-animal de l’année, sur la place du Collège, au sein d’une scénographie spécifique et à travers une programmation musicale et visuelle. Le soir, sera confectionné un repas avec des produits du terroir issus des circuits courts.
Citons également le parti-pris d’une communication collaborative, un langage graphique élaboré dans le cadre d’ateliers scolaires, ou auprès de divers contributeurs. Des dispositifs tels que tampons, pochoirs, stickers seront mis à la disposition des publics lors du festival, en différents lieux tels que l’accueil situé place du Collège, les cours, certains magasins. Une manière originale pour les publics de prendre part à l’événement. À noter que la place du Collège accueillera également cette année « Turbo Dancing », radio éphémère sur les ondes et en streaming pour rencontrer artistes et festivaliers.
– Paul Sobrin –