The Liminanas – Shadow People

ROCK GARAGE

Because Music

L’illuminé Dali, à l’ombre de sa prophétique moustache, nous avait pourtant annoncé que Perpignan était le centre cosmique de l’univers. Fiers et métropolitains, nous n’avions pas voulu croire l’hispanique peinturluré aux montres molles. Mal nous en pris car nous ne vîmes pas arriver, les oreilles encrassées de cire et de musique facile, la révolution The Limiñanas.

The Liminanas - Shadow PeopleDepuis plusieurs années déjà (réveillez-vous les gens, ils en sont à leur 5e album), le duo catalan nous berce d’une musique planante, électro, vibrante et mélodieuse. En un mot, The Limiñanas fait du garage le centre de nos demeures musicales. Et pourtant, qu’en avons-nous fait ? Une écoute bienveillante, satisfaite comme quand arrive, au terme du repas dominical, familial et sacré, le café chaud et serré censé faire digérer terrines, gibiers en sauces, rôtis persillés, fromages coulants et desserts trop sucrés. Aurions-nous vexé le barbu et sa rousse en repoussant leur œuvre à l’endroit du digestif, au milieu des débris de table, des vaisselles sales et des ventres repus ?

Quoi qu’il en soit, pour ce nouvel opus, le grand barde à barbe et sa copine rouquine ont décidé de mettre les petits plats dans les grands. De s’inviter au banquet et de rappeler à notre bon souvenir que la musique est avant tout un art avant d’être une industrie. Bien décidés à nous servir le plat de résistance dès l’apéro, ils se payent pour ce retour le brillant Anton Newcombe, leader maximo des étranges et néanmoins brillantissimes Brian Jonestown Massacre (empêchez-moi d’écrire comme parle Philippe Manœuvre svp). Cette petite touche californienne se révèle décisive dans la construction de l’album, tant la différence de son avec les albums précédents frappe les oreilles et le cerveau. La légende raconte que c’est Anton lui-même qui contacta nos deux zigues pour leur proposer d’être amis et de travailler ensemble. Si l’histoire est vraie, le premier a bien fait de se fendre de la requête et les seconds de l’accepter.

L’apport de Newcombe, et donc la vraie différence par rapport aux albums précédents, ce sont surtout les coups de batterie qui apportent un rythme et une énergie qu’on ne connaissait pas aux deux amants. Les 10 pistes s’enchaînent comme un footing qui accélère et décélère pour de nouveau sprinter, mais qui ne jamais s’arrête, sous le regard allumé d’un éducateur sportif de l’ex-Allemagne de l’Est. Pourquoi l’Allemagne d’ailleurs ? Parce que les batteries ont été enregistrées à Berlin avant d’être rajoutées aux compositions initiales, ce qui, vous l’avouerez, nous change un peu de toutes les soupes enregistrées à Abbey Road ou Memphis Tennessee.

Mais alors me direz-vous ? Que nous raconte ce nouvel album ? Je vous répondrai que personne n’en sait foutrement rien. Lionel (celui qui a une barbe et qui chante, à ne pas confondre avec Marie, la rousse qui gratte de la guitare) nous explique qu’il a voulu raconter des souvenirs d’enfance et tout particulièrement d’école. Avouons qu’à moins d’avoir fréquenté les mêmes bahuts ou de connaître intiment le gazier, il est difficile de retrouver les références annoncées. Mais qu’importe. Est-il nécessaire de savoir voler des amphores au fond des criques pour aimer Bashung ?

Au-delà de l’immense valeur ajoutée apportée par le représentant du Massacre de Jonestown (une sale histoire entre nous, voyez Christophe Hondelatte pour plus de détails), on appréciera aussi le joli titre offert par Bertrand Belin et sa copine Suzy ou Bequie, on ne sait pas très bien. En fait, on appréciera les dix titres tous différents et vous serez bien aimables de terminer en vous passant en boucle « De la part des copains », la dernière piste, sorte de générique de western à la Tarantino, envoûtant, poussiéreux, lyrique et californien. De la part des copains… Une belle dédicace de la part de Liminanas, adressée à toutes celles et tous ceux qui voudront bien se donner la peine (pas trop sévère avouons-le) d’écouter cet album jusqu’au bout.

PMK

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