Article publié à l’origine dans l’édition février 2018 du journal Diversions – consulter le PDF ici –
Le musée Courbet propose cet hiver et ce printemps une nouvelle exposition-dossier qui a pour thème l’engagement des artistes durant la Commune de Paris, un temps fort de notre histoire auquel Gustave Courbet prendra une part importante. C’est en effet le peintre d’Ornans qui sera le président de la Fédération des artistes, défendant tout à la fois une vision pour l’art et pour la politique.
L’exposition à voir en ce moment au musée Courbet d’Ornans présente des œuvres de Gustave Courbet et des membres de la Fédération des artistes, mais aussi des documents d’archives et des témoignages de Communards. Elle rend ainsi compte des nombreuses prises de position du peintre franc-comtois et de ses camarades artistes en leur temps. Quatre parties ont été mises en place. Le visiteur débute son parcours aux origines de la Commune, du 2 septembre 1870 au 18 mars 1871. Ce 2 septembre, la France est contrainte de reconnaître sa défaite face à la Prusse, qui vient d’envahir la capitale. Mais les Parisiens refusent de baisser les bras, ainsi que l’armistice que le pouvoir souhaite signer. La Commune libre de Paris nait alors en réaction, entrainant dans son sillage de nombreux artistes. Plusieurs œuvres, lithographies de Courtaux, estampes d’Auguste Lançon notamment, rendent compte de ces temps fiévreux.
Du 18 mars au 28 mai 1871 se tient ensuite ce que l’on a appelé La Commune, gouvernement parisien révolutionnaire inspiré des idées de Fourier et Proudhon. Dans la foulée, le 6 avril 1871, Courbet appelle à la création d’une Fédération des artistes tandis que des symboles du pouvoir, comme l’Hôtel particulier de Thiers et la Colonne Vendôme, sont détruits. Coupures de journaux, photographies, dessins de séances de la Commune et affiches documentent cette période. S’ensuit alors la « Semaine sanglante » du 21 au 28 mai. Les Communards sont attaqués par surprise et sans ménagement, ce conflit éclair sonnant la fin de la Commune. Beaucoup d’artistes fuient à l’étranger ou sont emprisonnés, à l’image de Courbet qui s’exile en Suisse. Il y restera jusqu’à la fin de sa vie en 1876. On peut notamment découvrir ici des œuvres d’Ernest Pichio, Édouard Manet et Amand Gautier qui évoquent les combats et les exécutions, les procès et les emprisonnements.
Dans une dernière partie, l’exposition explore les suites de la Commune, et l’engouement que le mouvement a suscité notamment auprès des artistes anarchistes. L’exposition met aussi en lumière le Portrait de Godard père, accompagné d’une lettre datée du 11 juin 1879, signée « Godard père », le personnage représenté sur la peinture. Elle explique les circonstances de réalisation du tableau : « Transféré à Ste Pélagie pour y subir ma peine je m’y trouvai voisin de pistole [cellule] avec votre digne confrère Mr Courbet comme vous artiste peintre et prisonnier comme moi ». L’œuvre fait écho à l’Autoportrait de Sainte-Pélagie de Gustave Courbet.
– Dominique Demangeot –
Gustave Courbet et la Fédération des artistes sous la Commune, Musée Courbet, Ornans, du 23 décembre au 23 avril
www.musee-courbet.fr