> Article publié à l’origine dans l’édition de novembre 2016 du journal Diversions (consulter le PDF ici)
L’Orchestre Dijon Bourgogne se consacrera en ce début d’année au couple mythique formé par Clara et Robert Schumann. Le 7 février, à l’Auditorium de l’Opéra de Dijon, la formation évoquera ainsi cette relation passionnelle, teintée d’interdit et qui fera couler beaucoup d’encre à l’époque. Une relation qui s’envisage bien sûr aussi sur le mode musical avec les œuvres respectives de Clara et Robert, un concerto et une symphonie. Gábor Takács-Nagy, directeur artistique de la Manchester Camerata, dirigera l’ODB à l’occasion de cette soirée placée sous le signe de la passion, qu’elle soit amoureuse ou musicale.
Mais ce sera tout d’abord l’ouverture de Beethoven, Les Créatures de Prométhée, op. 43, qui sera proposée, évoquant ici le titan qui a créé les premiers hommes à partir de boue, condamné à se voir dévorer le foie par un aigle chaque jour, attaché à un rocher pour avoir volé le feu sacré de l’Olympe. Avec cette pièce, métaphore de la difficulté que suscite toute création, composée entre 1800 et 1801 sur une commande du maître de ballet de la cour de Vienne, Beethoven s’inspire du style baroque et de Haendel en particulier.
Après cette ouverture portée par une belle intensité dramatique, on pourra entendre le Concerto pour piano et orchestre en la mineur, op. 7 de Clara Schumann, œuvre à laquelle collaborera son époux Robert sur le troisième et dernier mouvement de forme rhapsodique. C’est à 13 ans que Clara Wieck compose ce concerto qu’elle jouera pour Felix Mendelssohn. Elle créera finalement la pièce trois ans plus tard au Gewandhaus de Leipzig, sous la direction de Mendelssohn. L’œuvre influencera notamment le Concerto posthume en mi bémol de Lizst en 1839, mais certains décèlent aussi des influences dans le Concerto op. 54 de Robert Schumann. C’est l’année de la création du Concerto op.7, en 1835, que Schumann découvrira son amour pour l’adolescente, qu’il épousera cinq ans plus tard. La pianiste géorgienne Mariam Batsashvili, lauréate du concours international Franz Liszt en 2014, interprétera la partition soliste de ce concerto.
Sa Symphonie en ré mineur n°4 op. 120, qui est en réalité sa deuxième symphonie, Robert Schumann la compose en 1841. L’œuvre, qui sera profondément remaniée en 1851, se caractérise par ses nombreuses accélérations, une alternance entre mouvements rapides et lents qui étonnera à l’époque. Notons que Schumann rend ici un hommage discret à son épouse en composant le thème principal sur les notes fa-mi-ré-do dièse-ré, qui correspondent à l’anagramme CLARA, une quarte plus basse… Quand passion et musique font décidément bon ménage !
– Marc Vincent –
Clara et Robert Schumann, Auditorium de l’Opéra de Dijon, 7 février à 20h
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