FOLK
Autoproduction
Depuis ses débuts, My Lady’s House a toujours fait de la culture américaine le point de départ de ses albums, puisant dans sa littérature, sa musique et son histoire. La pochette du disque et sa cartographie des rivières Ohio et Tennessee montrent que cette nouvelle production suivra les mêmes inspirations.
Far East conclut l’exploration des points cardinaux entamée par le groupe sur West Of The Sun Stories d’abord, puis Run In The South et Northern Lights. Bien que restant fidèle à l’univers du groupe, de ses chansons pleines d’images et de ballades dans les grandes plaines, Far East marque une rupture avec ses prédécesseurs. En effet, plutôt que d’aller s’isoler dans un studio pour mettre sur bandes ces 14 titres, le groupe a préféré réaliser l’enregistrement à la maison, conviant des invités sur les morceaux, et surtout sans être limités par un nombre d’heures restreint pour boucler la mise en boite. Cela se ressent d’emblée à travers le son de Far East, qui en fait l’album le plus chaleureux de la discographie de My Lady’s House et installe immédiatement une proximité avec l’auditeur, comme si le quatuor jouait les morceaux dans notre salon.
Far East est certainement l’album le plus homogène des Bisontins. Même si certains titres se détachent un peu de la tracklist, par leur orientation plus pop (In The Cut, You, On A Picture), Far East s’écoute d’un bloc, articulé autour de pistes instrumentales bien senties (l’intro In The Electric Mist et sa reverb’ non sans rappeler Anna Calvi, l’aérienne Visions Of Julia, les fantômes de Battlefield Theme). Une certaine familiarité se dégage des accords boisés de Sharpshooters, Wood Siding et On Your Skin, des accords qui font partie de l’univers de My Lady’s House depuis ses débuts. Mais de nouveaux horizons sont explorés grâce à la justesse des arrangements. Le plus bel exemple est sans doute la mélancolie qui se dégage de Caged In At The Castle, ballade bouleversante où la batterie très discrète sur le disque ouvre le ciel à une envolée de cordes. Des cordes qui dans un autre genre apportent un petit accent country à Take It Or Leave It. Join The Army évoque, tant dans sa mélodie que dans ses harmonies vocales, la nostalgie du temps d’avant, comme les spokenwords en conclusion de Full Of Faith.
Avec une force de composition indéniable (Tomahawk qui trouverait sans problème sa place sur un album de Damien Jurado ou encore Pale Harvest qui aurait pu être un morceau de The Head And The Heart, quand ceux-ci n’avaient pas encore répondu aux sirènes de la facilité du folk radiophonique) et une cohérence dans sa construction, My Lady’s House délivre avec Far East sa production la plus aboutie et certainement la plus personnelle.
Florian Antunes – Ours des Appalaches – Pires
https://soundcloud.com/my-ladys-house/sharpshooters-1