Le début d’année au TJP sera marqué par la venue de David Séchaud, qui avait déjà présenté à Strasbourg Monsieur Microcosmos en 2014, plongée d’un scénographe dans le cabinet de Faust, et pour le spectateur une incursion dans l’envers du décor, un voyage dans les coulisses et les affres de la création. Pour le premier spectacle de 2017 au CDN d’Alsace, Archivolte nous présente une fois encore un scénographe, mis cette fois aux prises avec un architecte, une lutte de territoire, un « projet de casse » qui revisite notre rapport à l’espace et questionne une nouvelle fois l’acte de création.
Car pour percer les secrets de l’architecte, le scénographe va user de stratagèmes divers et variés, réunissant une équipe spéciale pour l’occasion. Le plateau devient alors l’espace d’expérimentation de cambrioleurs. David Séchaud questionne ainsi sa pratique de metteur en scène, en se confrontant justement au regard d’un vrai architecte, Olivier Gahinet, qu’il a sollicité pour la création d’Archivolte. Le point de départ, l’architecture à explorer est un bâtiment conçu par Le Corbusier, le musée de Tokyo, que David Séchaud et sa compagnie Placement Libre revisitent sous les conseils avisés de l’architecte. Un spectacle comme une aventure à vivre au plateau. « Comme un hymne à l’action, je prends le point de vue du cambrioleur », explique David Séchaud. « Son regard sur l’architecture est fascinant, pour lui chaque mur est un obstacle à franchir, il est en lutte avec l’espace ». En creusant, escaladant, en franchissant des seuils divers, le cambrioleur-défricheur initie une relation pour le moins intime avec l’espace. « Il agit de l’intérieur pour fracturer la pensée de l’architecte et tenter d’en libérer une connaissance de l’espace ». Et le metteur en scène de dresser un parallèle également entre cette exploration et l’aventure de la création théâtrale, « objet à explorer » et « un travail d’équipe pour se projeter dans sa réalisation ». Au printemps dernier, un chantier avait été mené par David Séchaud et Maëlle Payonne avec des étudiants en Master 1 à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg, en lien avec la création de la pièce.
Le parcours de David s’articule autour des questions d’espace, formé à l’atelier de scénographie à la Haute École des Arts du Rhin. Avec Archivolte, il va tenter de définir, ou du moins de saisir, ne serait-ce que le temps d’un spectacle, l’essence de l’espace qui nous entoure et que nous occupons. « Cependant, nous sommes continuellement en train de le définir dans notre perception, en l’habitant, en le parcourant, en le mesurant et en le construisant », explique David Séchaud. « J’ai voulu interroger l’architecture, celle qui construit les espaces de notre quotidien. Elle a une origine commune avec la scénographie mais ces deux disciplines sont-elles capables de se rencontrer? Que cache cette trop grande proximité? ». C’est ce dialogue entre l’homme de théâtre et l’architecte qui sous-tend Archivolte, le rapport de l’espace au corps, et du corps à l’espace, de l’intérieur et de l’extérieur, l’architecture comme une discipline qui « répond à la fois à un besoin de protection, pense une ergonomie et définit une circulation entre les espaces », dit encore David Séchaud.
Archivolte, TJP (Grande Scène), Strasbourg, du 12 au 14 janvier 2017 à 20h30
www.tjp-strasbourg.com