VICTORIA
Drame de Justine Triet, France, 2016
Durée : 1h37
Avec : Virginie Efira, Vincent Lacoste, Melvil Poupaud
Cinémas d’aujourd’hui a eu le nez creux en proposant ce film qui met en scène une femme « au bord de la crise de nerfs ». Cette femme, c’est Victoria, merveilleusement incarnée par Virginie Efira, qui conjugue les problèmes en cherchant des solutions.
Victoria, c’est l’anti wonderwoman, et c’est ce qui en fait une vraie héroïne, attachante, amusante et pour laquelle l’empathie du spectateur fonctionne à plein. Victoria, c’est un peu la terre, autour de laquelle gravitent des planètes, elles-mêmes liées à des satellites. Et le problème de notre Gaïa, ce ne sont pas ses planètes : deux filles très mimi, un ex-mari un peu lourdaud, un meilleur ami so cute (Melvil Poupaud), mais ce sont les problèmes qui gravitent autour de ses points d’attache. Victoria, jeune mère divorcée gère très bien ses deux filles, jusqu’à la désertion du baby-sitter… qui sera remplacé par un ex-dealer (Vincent Lacoste, absolument parfait dans ce rôle) qu’elle a défendu par le passé.
Parce qu’elle est ainsi, Victoria, elle est foncièrement bonne, ouverte, prête à faire confiance à son prochain. Et c’est justement la multiplication des prochains en qui elle a pu avoir confiance qui va la mener au plus bas : l’ex, écrivain raté mais blogueur suivi par une bonne petite horde de geeks acquiert un semblant de célébrité en livrant les confidences de Victoria, du temps où tout allait bien. S’ensuivent des menaces de mort et saccages de bureau. Le meilleur ami, pseudo Dom-Juan victime d’une hystérique l’accusant de l’avoir poignardé avec « un couteau à dessert » (l’insistance sur l’arme reste un mystère pour le spectateur lambda), qui la convainc de le défendre, se moquant totalement des notions d’éthique, d’amitié et autre, et plongeant, évidemment, notre héroïne dans un imbroglio judiciaire dont elle sortira dans une scène d’anthologie, grâce à un dalmatien. Car oui, les animaux aussi en prennent pour leur grade : du dalmatien débile (selon une étude lue au cours du procès) au pauvre lapin domestique… Mais aucune méchanceté ni cynisme dans ce film vraiment attachant. Ce n’est peut-être pas un « feel good movie », mais ça y ressemble, car les éléments sont là pour nous faire rire, réfléchir, et la mise en scène de Justine Triet n’y est pas pour rien. Ne perdons pas de temps à caser ce film dans le registre de la comédie ou du cinéma d’auteur, il est tout à la fois et c’est aussi ce qui en fait un excellent film.
Lucie Brownie