ROCK & SOUL
Polydor / 2016
Depuis le succès de son premier opus Home Again aux doux accents folk et soul paru en 2012, le jeune Londonien a préféré se retirer des projecteurs afin de se consacrer à ses nouvelles compositions. Outre un passage éclair à Nashville dans les locaux de Jack White pour la parution d’un 45t en 2013, il aura fallu plus de trois ans de travail pour que Michael Kiwanuka nous présente son nouvel effort jusqu’ici tenu secret.
Dès les premières notes de Cold Little Heart on sent que l’artiste a mûri et nous offre d’entrée de jeu un morceau gargantuesque de plus de dix minutes dont la première moitié instrumentale alterne entre piano, chœurs omniprésents et solo de guitare que David Gilmour ne saurait bouder. Le message est clair, cet album sera à l’opposé du précédent à commencer par sa production qui est signée Brian Burton alias Danger Mouse. Les termes abordés semblent également plus personnels à l’image du gospel plutôt funky sur Black Man In A White World (pas besoin de traduction…) ou de la douloureuse ballade Falling évoquant une rupture amoureuse. Outre le plus enjoué et quasi dansant One More Night, le reste de la production se veut plus mélancolique à commencer par le morceau éponyme Love & Hate aux sublimes arrangements tout comme la ballade fantomatique I’ll Never Love ou encore The Final Frame et son blues poignant venant clore la galette.
Loin d’être un tire larme ou une caricature, Love & Hate est une sorte de journal intime que nous livre Michael Kiwanuka. Celui-ci a pris des risques et aurait pu se contenter de nous resservir un Home Again bis. Cependant cette sincérité et cette mise à nu nous touche au plus profond, à commencer par la performance vocale du bonhomme qui a gagné en puissance et intensité tout comme ses compositions qui promettent des moments forts en émotion du côté de la scène.
Johan Perrin