Retrouvez Détonation dans l’édition papier de septembre de Diversions – sortie le 25 août – et sur notre page Facebook ICI !
ROCK
Octopus Electrical
Parmi la dense programmation de Détonation, dont Diversions vous proposera un aperçu dans les prochaines semaines, il serait bien dommage de passer à côté de Yak. Tico, le fameux programmateur fou-fou de la Rodia, nous a déniché un jeune trio tout aussi fou-fou, des Britanniques à peine sortis du nid mais déjà bien en vue des amateurs de rock ébouriffé qui, mine de rien, sait aussi produire des morceaux plus élaborés qu’il n’y parait.
Le disque commence comme il se doit… sur un hymne national. C’est le groupe qui le dit – Victorious (National Anthem) -, et il faut bien avouer que cette rock’n’roll mise en bouche risque fort de vous enflammer les gencives. Et lorsqu’Oli Burslem scande « Again and again and again… » sur le deuxième titre Hungry Heart, on a envie de s’accrocher aux rideaux à la manière d’un chaton sous LSD à l’écoute de ce garage rock délicieusement cradingue. Un morceau qui n’a rien à voir avec le standard sixties revival de Bruce Springsteen. Ici, pas de jolis et délicats arpèges. Pas de batterie soyeuse que l’on caresse comme sa chère et tendre. Mais des coups de boutoirs continus sur les fûts, de ceux à vous faire pousser les ampoules aux doigts. Quand le groupe s’essaie au downtempo, c’est pour éructer une simili-ballade bringuebalante louant les bienfaits de la fumette – Roll Another -, et lorsque, dans la même veine – sans mauvais jeu de mot -, Yak s’oriente vers des sonorités encore davantage psychédéliques – le radioheadien Take It et Curtain Twitcher -, on se dit que la formation en a assurément sous la semelle. Des morceaux qui font état de la puissance sonore du groupe, et ne laissent aucun répit à l’auditeur. On raconte d’ailleurs que Yak a fait ses preuves depuis longtemps sur scène – à vérifier à Détonation -.
Le yak, c’est « une grande espèce de ruminant à longue toison de l’Himalaya », nous apprend Wikipédia. Touffus, leurs riffs le sont aussi, baignés dans un ronflement, une débauche sonore à vous filer des larsens dans les sonotones et à transformer vos pacemakers en micro bombes à retardement. Alas Salvation, d’un côté, ne fait pas dans la dentelle avec ses soubresauts punk, ses emportements et ses velléités noisy – Harbour The Feeling -. Ses guitares coupantes – la chanson titre, à la brièveté là encore très punk – sont là aussi pour nous le rappeler. De l’autre, Yak démontre également une affinité certaine pour insérer quelques moments mélodiques parmi cet enfer sonore, comme Smile qui commence à la manière d’un rock seventies un peu psyché – encore – avant de se terminer dans un orgasme sonique. Le son, ce tout jeune groupe sait d’ores-et-déjà bien le dompter, avec ces petites trouvailles, ici et là, qui étoffent discrètement les morceaux, connotant parfois un second degré rafraichissant. En bref, une formation bien dans son temps, plantée à la croisée des vents garage, grunge, punk, psyché – et si on inventait un nouveau terme, le psygrunk ? – Ok je sors -. Si vous ne deviez en écouter qu’un, l’énorme et lunatique Please Don’t Wait For Me, qui clôt l’album, fait en quelque sorte office de condensé de toutes les influences de Yak, à découvrir le samedi 1er octobre 2016 à Détonation, à la Friche artistique de Besançon.
Dominique Demangeot