Le Moulin de Brainans réanime ses « Nuits (Re)belles » en juillet. Une belle occasion de découvrir notamment, les 15 et 16 juillet à Lavigny et Montrond, la jeune chanteuse Yelli Yelli qui vient de sortir son album Terre de mon poème, et fait escale dans le Jura cet été.
Emilie Hanak de son vrai nom, publiait en mars dernier Terre de mon poème, opus dont les morceaux sont à la hauteur de ce joli titre, un art où se mêle tout en douceur sonorités folk et orientales, un blues forgé entre France et Algérie. Après un premier projet artistique, à l’occasion duquel Emilie se faisait appeler Milkymee, la jeune artiste se rebaptise alors Yelli Yelli, que l’on peut traduire par « fillette », comme l’appelait son grand-père. L’Algérie, où elle n’est jamais allée, Emilie la connait à travers les récits familiaux et les musiques de là-bas que des artistes comme Idir ont contribué à faire connaître par chez nous. Yelli Yelli s’inscrit dans cette tradition aisément reconnaissable sur des titres comme Azzad, mêlant parfois ces sonorités d’ailleurs à des esthétiques plus occidentales – la batterie et la langue anglaise de They Grin, Yemma -. L’artiste évoque, dans ses mots et dans sa musique, « les vagues hautes comme les murs », le déracinement, cette terre de ses ancêtres qu’elle ne connait pas encore. Des morceaux qui sonnent parfois comme des odes, des incantations.
Yemma, c’est « maman » en kabyle, une langue qu’Emilie n’a apprise que récemment, porte d’entrée dans une culture qui faisait partie d’elle, sans qu’elle ne l’intègre au début de sa jeune carrière. Cette découverte marque un renouveau dans le parcours de l’artiste, même si l’on retrouve par moments des traces de Milkymee comme sur Tawada aux contours bruitistes. Enregistré dans le studio de Piers Faccini, autre déraciné qui a élu domicile dans l’hexagone, et dont on peut entendre la voix sur One Skin Apart, Terre de mon poème est tissé de mélodies entêtantes – à l’image de l’envoûtant Mared youghal -, un goût d’ailleurs qui plane sur chaque morceau, entre la guitare ronflante de No One Ever Returns qui se mêle aux chœurs kabyles, et la mélancolie acoustique de Ddunit tentar, que l’on peut traduire par « terre brûlée ». Mais nul besoin de dictionnaire pour entrer dans le nouvel univers artistique d’Emilie alias Yelli Yelli. Ses musiques lancées des deux côtés de la Méditerranée sauront vous prendre par la main, comme sur la belle évocation – en Anglais cette fois – de la terre maternelle avec Land & Country qui clôt l’album de la plus belle des manières. Et puis inutile également d’embrasser la langue Kabyle pour entendre l’ode à l’Algérie que Yelli Yelli entonne sur Achnou, encadré dans les douze mesures du blues. De l’Algérie, Emilie va enfin fouler le sol pour la première fois, puisque la chanteuse du groupe Djurdjura l’a conviée à partir en tournée là-bas avec elle. Un rendez-vous avec la terre de ses ancêtres que Yelli Yelli attend probablement avec une impatience particulière.
Yelli Yelli, dans le cadre des Nuits (Re)belles, 15 juillet à 19h – Lavigny (Château de Lavigny – Le Logis Neuf) et 16 juillet à 19h30, Montrond (Salle de la Vouivre – Place du Château Fort) – Entrée gratuite
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