À l’occasion de notre article au sujet du festival de la Guerre du Son, nous n’avions pas encore l’information concernant un nouveau projet interne. Le scoop nous est parvenu au détour de l’interview que vous allez lire. Le festival met cette fois en place une seconde scène pour le samedi soir. Celle-ci sera destinée à une programmation concoctée par des jeunes du village. C’est ainsi que des groupes amateurs locaux y joueront entre les concerts de l’autre scène. L’opération se déroulera en partenariat avec le Centre régional d’information jeunesse (CRIJ) qui prête le matériel qu’il possède à Besançon. Parmi les membres du comité des fêtes de Landresse/Ouvans, à l’initiative du festival qui se tiendra à Landresse les 15 et 16 juillet, Vivien Schelle, vice-président de l’association la Guerre du Son fait partie des trois programmateurs, et a répondu à nos questions.
Les maîtres-mots de la Guerre du Son demeurent énergie, engagement et contestation. Que recèlent ces termes au niveau du festival ?
L’engagement est celui des quinze bénévoles qui, sur une année, installent une vie dans les deux villages de Landresse et d’Ouvans. La tâche n’est pas uniquement autour de la Guerre du Son, même si c’est le grand événement. D’autres manifestations sont gérées comme les soirées accordéon le dimanche pour les plus anciens, ou des soirées « tarot », entre autres. Contestataire définit en quelque sorte la musique que propose le festival.
Comment la composition du programme se répartit-elle entre les programmateurs ?
Sur une grosse partie du temps nous cherchons des artistes sur internet. Chacun le fait de son côté en fonction de ses influences et ses goûts, avant de nous retrouver en commission pour définir le line up des soirées. Alors il y a des groupes sur lesquels on avance, d’autres moins… La phase de recherche se déroule entre novembre et février. Ensuite nous soumettons nos propositions au comité des fêtes en charge de valider. Ce n’est pas à ce stade-là qu’il y a une répartition. C’est au moment de contacter les tourneurs.
On s’aperçoit que l’édition 2016 contient une programmation ambivalente qui joint le reggae au rock progressif : c’est la nouvelle conjugaison de la Guerre du Son ?
Nous avions déjà commencé à nous diversifier, avec la venue de Max Romeo sur la soirée du samedi, l’an dernier. Ca avait bien fonctionné ! On voulait s’ouvrir à un style de musique un peu plus large, mais tout en gardant notre identité métal-rock. On peut aller vers le reggae, voire vers des choses hybrides assez sombres comme Asian Dub Foundation.
L’idée était d’établir un contraste au rock brut ?
C’est d’une part essayer de faire un contraste, mais aussi, aujourd’hui, d’élargir notre public Et puis il s’agit en outre de répondre aux bénévoles du festival qui nous aident toute l’année et durant ces deux jours. Ces derniers ont envie d’entendre autre chose que des sons hard-rock. Ils avaient beaucoup apprécié le concert de Max Romeo, ou même du groupe Matmatah quelques années auparavant. Alors ils en demandaient davantage.
Comment les inconditionnels de la Guerre du Son, ceux qui viennent à « leur festival de métal », accueillent-ils l’ouverture à d’autres courants ?
Le changement de l’édition qui arrive réside dans le fait qu’il n’y a pas UNE soirée exclusivement métal. C’est la première fois donc on verra. Mais nous n’avons pas eu spécialement de retours au sujet de l’ouverture à d’autres musiques. Cependant, la soirée métal d’il y a un an a engendré un renouvellement du public entre les deux soirs.
Propos recueillis par Frédéric Dassonville
> Retrouvez l’article publié début juin dans le numéro estival de Diversions (Diversions été 2016)
En 2002, sur les premiers plateaux du Doubs, naissait le festival de la Guerre du Son, porté par plusieurs générations de bénévoles habitant les villages de Landresse et Ouvans. Le Comité des fêtes, après une année sabbatique en 2014, revenait l’an dernier pour une nouvelle édition du festival franc-comtois. En 2016, il remet ça avec une programmation qui tangue entre rock, musiques du monde et électro.
Le 15 juillet, la scène de la GDS accueillera les Britanniques d’Asian Dub Foundation, formation hybride et multiculturelle qui mêle hip-hop et dancehall, drum’n’bass et dub, ragga, jungle et rock… À Landresse, le groupe devrait notamment jouer des titres de son dernier opus, More Signal More Noise, qui couronne plus de vingt ans d’une carrière internationale. Les amateurs apprécieront le retour de Dr Das, l’un des membres fondateurs qui avait pris ses distances il y a dix ans. Les beats électro se mêlent à la rage électrique des guitares, une énergie punk, toute britannique, qui n’est pourtant qu’une facette de la musique libre d’Asian Dub Foundation. Le même soir, on retrouvera un esprit punk, mais plus traditionnel cette fois, avec les Parisiens de Guerilla Poubelle, trio punk-rock toujours vaillant, qui écumait, en octobre dernier, les États-Unis lors d’une tournée ! Leur troisième album en 2014, Amor Fati, prouvait que la formation se montre toujours aussi engagée, totalement indépendante vis-à-vis des labels et sachant produire de courts brûlots punk rock.
Samedi 16 juillet, place au reggae avec Naâman, jeune prodige de la musique jamaïcaine dont la réputation grandit ces derniers mois, se réclamant en outre du reggae « roots », sans pourtant tourner le dos à des esthétiques plus modernes à l’image du hip-hop. Après le reggae, place à des moments plus mordants avec ETHS, qui fait son grand retour cette année dans les bacs et sur les scènes des festivals. Le groupe devrait faire trembler le plateau, avec les titres de son dernier album Ankaa, accueillant dans ses rangs une nouvelle chanteuse, Rachel, après le départ de Candice il y a quatre ans. Le néo métal originel a laissé la place à une musique davantage hardcore, frontale, même si Ankaa varie les ambiances jusqu’à des moments plus planants.
La Guerre du Son, c’est aussi chaque année l’occasion de découvertes, et notamment un soutien à la scène locale avec la présence de Näo samedi, dont Diversions vous parlait en avril, mais aussi, le même soir, les Bisontins de Blanker Republic, aperçus au Russey en mars, quintet rock puissant et mélodique – on vous conseille leur petit hymne Don’t Have A Look Down -, qui vit actuellement une grosse année de concerts en région. Sonith, qui nous vient de Rhône-Alpes, mêlera sonorités reggae et chanson. Pour une touche ska rock, Landresse accueillera également le vendredi Aerophone, ainsi que Hell Of A Ride et leurs morceaux hérissés qui nous ramèneront au bon vieux temps du heavy rock/hard rock.
– Manu Gilles –
La Guerre du Son, Landresse, 15 et 16 juillet 2016
www.laguerreduson.com