Hier Stanislas Nordey présentait à la presse la nouvelle saison du Théâtre National de Strasbourg, qui débutera le 13 septembre sur une adaptation d’Iphigénie en Tauride de Goethe, mise en scène par Jean-Pierre Vincent. Le seul théâtre national en région, à travers la voix de son directeur et des nombreux artistes invités cette saison, compte réaffirmer son credo en 2016-2017 : « bousculer les théâtres » en mettant notamment en avant l’écriture contemporaine, en parallèle du répertoire classique – du Dom Juan mis en scène par Jean-François Sivadier à la toute première pièce de Brecht, Baal -. Aperçu – non exhaustif ! – de la saison du TNS que Diversions suivra plus en détails en 2016-2017. Les 24 et 25 juin, des présentations publiques seront organisées. Celle du 25 s’achèvera avec une soirée festive sur le Parvis du théâtre, menée par Lazare, l’un des artistes associés du TNS cette saison.
Stanislas Nordey adaptera fin janvier 2017 une pièce de Christophe Pellet, Erich von Stroheim, « un triangle amoureux entre deux hommes et une femme », un trio interprété par deux comédiens que l’on a pu voir récemment dans Je suis Fassbinder, Laurent Sauvage et Thomas Gonzales, ainsi qu’Emmanuelle Béart. Cette saison, le TNS nous fera entendre les rumeurs et les fureurs du monde, à l’image de la Turquie à travers une adaptation par Blandine Savetier du roman d’Orhan Pamuk, Neige, « un roman sur ce qu’est la Turquie d’aujourd’hui, carrefour entre les différents conflits ». Les bruits du monde qui seront aussi illustrés avec la pièce créée par Adel Hakim à Jérusalem, Des roses et du jasmin, avec les acteurs de feu le Théâtre National Palestinien, retraçant l’histoire israélo-palestienne de ces cinquante dernières années.
Les écritures de langue allemande seront représentées à travers plusieurs créations, Goethe avec Iphigénie en Tauride mais aussi Keiser avec Le Radeau de la Méduse. Christine Letailleur montera quant à elle Baal de Brecht, dans sa première version de 1919 et dans laquelle jouera Stanislas Nordey, tandis que Claude Duparfait, que nous avons rencontré récemment à l’occasion de sa création La Fonction Ravel au CDN de Besançon, montera une pièce à partie de deux romans autobiographiques de Thomas Bernhard, Le froid augmente avec la clarté, après avoir adapté Des arbres à abattre avec Célie Pauthe à Strasbourg il y a quelques années. Citons encore Heiner Müller – voir plus bas – et Botho Strauss avec Le Temps et la Chambre qui seront eux aussi adaptés cette année au TNS.
Après l’œuvre de Choderlos de Laclos la saison passée, Les Liaisons dangereuses, c’est au tour cette année de la figure de Médée d’être proposée en deux adaptations aux spectateurs, deux regards de metteurs en scène, Jean-René Lemoine en novembre et décembre – Médée poème enragé – et Anatoli Vassiliev qui mettra en scène Médée-Matériau du 29 avril au 14 mai, avec Valérie Dréville. Le TNS poursuit bien sûr ses collaborations avec des metteurs en scène associés. Cinq seront présents lors de la nouvelle saison, à travers notamment deux spectacles qui seront créés cet été au Festival d’Avignon : Julien Gosselin qui met en scène 2666 – Si vous pouviez lécher mon cœur, adapté de l’auteur chilien Roberto Bolaño, « un roman dont on a dit que c’était le premier grand roman du XXIe siècle », soulignait Stanislas Nordey. La pièce sera à la mesure de cette œuvre fleuve puisqu’elle durera près de huit heures, créée à la FabrikA d’Avignon. Le spectacle sera présenté au Maillon durant les week-ends. Julien Gosselin mettra également en scène les élèves du Groupe 44 pour leur spectacle de sortie. Le Radeau de la Méduse, autre spectacle de sortie mis en scène par Thomas Joly, sera présenté lui aussi au Festival d’Avignon. « Un vrai spectacle qui tourne, sera repris », a tenu à préciser le directeur du TNS. Le spectacle sera repris pour clôturer la saison 16-17 au TNS, ainsi qu’au Théâtre de l’Odéon. Notons d’ailleurs que Stanislas Nordey tient à ce que les pièces créées au TNS connaissent une vie longue sur d’autres scènes. Citons enfin la venue l’an prochain de l’auteur/metteur en scène Lazare, qui est déjà sur le terrain depuis un an, à Strasbourg, puisqu’il a rencontré de nombreux habitants, dans le cadre de la création de la troupe Avenir. Il créera en mars 2017 Sombre rivière, dans lequel la musique tiendra une grande place, une œuvre « au carrefour entre l’écriture poétique, l’écriture de théâtre et le concert », comme l’a encore expliqué Stanislas Nordey.
Dominique Demangeot