> Article publié à l’origine dans le numéro de février-mars 2016 du journal Diversions (Diversions Alsace février-mars 2016)
Jusqu’au 31 décembre 2016 se tient au Musée archéologique de la Ville de Strasbourg une exposition-dossier basée sur des fouilles récentes en Alsace. Après le camp légionnaire de Strasbourg-Argentorate en 2010, ce neuvième volet est cette fois consacré à la capitale civile de l’Alsace romaine, à savoir Brocomagus. Il s’agissait de la capitale des Triboques, peuple celto-germanique qui a vécu dans la plaine d’Alsace dans l’Antiquité.
L’exposition nous invite à suivre l’évolution de la cité antique depuis la Préhistoire jusqu’aux débuts du Moyen Âge. C’est à l’occasion des fouilles préventives qui ont précédé la création d’une zone d’activités sur les communes de Bernolsheim et Mommenheim, que de nombreuses découvertes ont été faites. Dès le Néolithique ancien (5400-4900 avant J.-C.), on recense plusieurs villages dans la région de Brumath. Le Néolithique moyen (4900-4600 avant J.-C.) voit l’arrivée d’un autre village. Sur le site néolithique d’Eckwersheim, sera notamment mise à jour la plus ancienne trace connue d’une activité métallurgique en France, dès la fin du Néolithique.
L’exposition nous présente la vie à Brumath (Brocomagus) à l’époque romaine. Dès le début du 1er siècle après J.-C., la population adopte le mode de vie à la romaine, comme le quadrillage des voies en matière d’urbanisme, ou encore l’édification de monuments publics ainsi que des lieux de spectacle, sans oublier les incontournables thermes, dédiés non seulement à l’hygiène mais aussi à la pratique des loisirs et du sport. Brumath-Brocomagus est aussi réputé pour avoir été un important centre de production de céramiques et l’on recense des potiers brumathois entre le début du 1er siècle après J.-C. et la fin du 3e siècle de manière certaine. Les artisans travaillaient aussi le fer, le bronze, l’os et la corne. En matière de culte, on trouve des hommages à Jupiter via notamment un autel ou un temple construit sur le forum, mais aussi plusieurs représentations de divinités féminines assises, tandis que l’on trouve les nécropoles le long des voies, à l’extérieur du périmètre urbain comme toujours dans les cités romaines. Peu de sculpture funéraire a été cependant mise à jour à Brumath, mis à part quelques fragments provenant d’un grand mausolée en calcaire.
L’exposition s’attache également à décrire Brumath-Brocomagus à l’époque mérovingienne, durant laquelle les rois carolingiens y avaient une résidence entre le 8e et le 12e siècle. Demeurant un bourg d’importance durant le Moyen Âge, la cité sera néanmoins stoppée dans son essort par les villes proches de Strasbourg et Haguenau.
– Paul Sobrin –
Brumath-Brocomagus, capitale de la cité des Triboques, Musée archéologique, Strasbourg, jusqu’au 31 décembre 2016
Activités autour de l’exposition (visites commentées les 1er et 3e samedis du mois, visites thématiques, cycle de films sur l’Antiquité romaine, programme de médiation pour le jeune public et les scolaires)
www.musees.strasbourg.eu