Falk Richter, associé cette saison au TNS, et Stanislas Nordey mettent en scène le texte de l’auteur allemand, répété et créé à Strasbourg. Cette première création du directeur du TNS, se veut véritablement franco-allemande en matière de comédiens et de techniciens. Une création entre les deux rives du Rhin, qui est aussi une réflexion autour de la transgression, autour de l’art également en tant qu’engagement.
« La rencontre avec Falk Richter a été très importante pour moi dans mon parcours de metteur en scène », explique Stanislas Nordey. Entre poésie et politique, « drôle et acéré », le texte de Falk Richter s’écrit de manière particulière, durant les répétitions sur le plateau du Théâtre National de Strasbourg. L’auteur souhaite notamment évoquer dans cette création le choc qu’il a ressenti en découvrant les films de son compatriote réalisateur Rainer Werner Fassbinder, mort à 37 ans après avoir créé 42 films et écrit 10 pièces de théâtre. Le réalisateur, qui propose sur grand écran comme au plateau une critique féroce et radicale de la société allemande, s’est notamment dit inspiré par le mouvement de la Nouvelle Vague à l’image de Claude Chabrol ou Éric Rohmer. L’Allemagne en automne sera notamment évoqué, film qui traitait du terrorisme en Allemagne en 1977. Une période troublée, durant laquelle la liberté des artistes fut remise en question. Une époque durant laquelle l’extrême-droite retrouvait une certaine vigueur, ce qui n’est pas sans rappeler, bien évidemment, notre époque actuelle.
Falk Richter explique que cette nouvelle pièce va notamment s’attacher à considérer le regard que l’on porte sur le travail de Fassbinder aujourd’hui, comment l’on considère ses films de nos jours. Quel est « le système Fassbinder », et notamment cette méthode très particulière pour les acteurs, une absence de repos et un travail en continu. L’objectif est aussi de tenter de déterminer quelle serait la réaction du réalisateur face au monde d’aujourd’hui. Par extension, l’acteur et metteur en scène qu’est Stanislas Nordey a lui aussi cette interrogation, qui consiste à déterminer ce que l’on ose dire ou ne pas dire sur un plateau de théâtre. Les grandes actrices qui ont collaboré avec Fassbinder seront notamment évoquées, ainsi que les relations amoureuses du cinéaste. Stanislas Nordey parlait d’ailleurs il y a quelques mois de l’éventualité que la pièce s’articule autour des deux figures féminines de Judith Henry et Eloïse Mignon, « une rêverie autour de la possibilité aujourd’hui de voir la naissance d’une figure comme celle de Fassbinder, hanter notre présent et pas simplement notre mémoire ».
– Marc Vincent –
Je suis Fassbinder, Théâtre National de Strasbourg, du 4 au 19 mars – www.tns.fr