Avant de se refaire une santé avec une transition sabbatique, la Percée du Vin jaune prépare sa vingtième édition. Initiée et organisée par les Ambassadeurs du Vin jaune, elle aura lieu cette année à Lons-le-Saunier les 6 et 7 février. L’identité du Jura passe par son vignoble et l’événement de la Percée en est le marqueur. En vingt ans, la manifestation a, en tant que communication collective, permis de développer les vins du Jura à l’exportation. Ces derniers qui, il y a deux décennies, étaient encore une consommation régionale, suscitent aujourd’hui un engouement en Angleterre, en Suède, aux USA, au Canada, en Chine, au Japon… Des journalistes étrangers font même le déplacement pour couvrir la Percée.
Lors du podium de fin, la commune qui a accueilli la Percée du Vin jaune transmet le robinet symbolique à son successeur. La passation se fait entre les deux maires et les présidents annuels des Ambassadeurs du Vin jaune. Le village de Montigny-lès-Arsures près d’Arbois a donc présenté, il y a un an, l’objet à l’édile de Lons-le-Saunier. C’est la seconde fois de son histoire que la manifestation s’y déroulera. La première était il y a tout juste dix ans, en 2006. Faire tourner cette fête chaque année d’un village à une ville ou d’une ville à un village demeure une particularité. Le visiteur découvre les communes des crus du Jura. Certains les redécouvrent, différemment, au gré du circuit incité par les cavistes présents. La localité doit posséder le label Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) jurassien. Elle doit aussi être en capacité d’accueillir au moins 30 000 visiteurs, et posséder assez de locaux pour que les vignerons puissent installer leur activité.
Deux semaines après la fin d’une Percée du Vin jaune, les organisateurs se penchent déjà sur la suivante. Et notamment en termes d’une communication qui doit être prête au bout de deux mois. L’événement nécessite une année complète pour se mettre en place chaque premier week-end de février. Cette date marque le coup d’envoi (selon le cahier des charges législatives) de la commercialisation du vin jaune. Techniquement, c’est à partir de ce moment-là que le fameux breuvage est jugé consommable. Vinifié de la même façon qu’un vin blanc, le vin jaune demeure uniquement fabriqué à base de Savagnin. Il est mis en tonneau après fermentation où il devra gire durant six ans et trois mois, sans aucune intervention. Ainsi, les vins jaunes percés cette année sont d’un millésime 2009. Le vieillissement dans le tonneau crée un voile protecteur à la surface du vin. Ce qui empêche l’oxydation. Une fois le cycle terminé, on perce le tonneau à l’endroit du bouchon afin de libérer le vin. Sur le week-end de la Percée, les professionnels affichent les vins jaunes de leur propre exploitation. C’est la fierté absolue des producteurs jurassiens. Mais ce liquide sert de locomotive. L’événement est également l’occasion de mettre en avant une large palette de cépages locaux d’où viennent les vins blancs comme les Chardonnay, le Macvin, les vins rouges dont les Trousseau ou autres Poulsards. Des vins atypiques et des crémants du Jura parmi lesquels certains sont médaillés, se voient également à la disposition des visiteurs.
Les récoltes de ces quatre dernières années ont été assez faibles. Cela entraîne des conséquences, et si la qualité y a gagné, des troubles économiques se font ressentir. La manifestation doit en tenir compte. D’autant que les vignerons présents engagent effectivement un stock considérable afin de pouvoir proposer les dégustations à plusieurs dizaines de milliers de visiteurs. Alors la Percée n’aura pas lieu en 2017. Les Ambassadeurs du Vin Jaune ont décidé de se réserver un an pour réfléchir sur l’organisation y compris en interne. Il s’agira de tout remettre à plat, faire évoluer le concept afin de s’adapter aux nouvelles perspectives. Le lieu du retour de l’événement est cependant déjà dévoilé depuis un certain temps. La Percée du Vin jaune 2018 se déroulera à l’Étoile
Frédéric Dassonville