Christian Duchange présentera dans le cadre du festival Momix, le 6 février, l’adaptation théâtrale de Sous l’armure, texte pour le jeune public mais aussi les adultes de Catherine Anne, qui évoque l’égalité filles-garçons de nos jours. Comment aborder cette thématique auprès des jeunes spectateurs en particulier ? Catherine Anne donne vie à un jeune personnage féminin, Christine, qui part en guerre, se dissimulant sous une armure pour avoir la main sur son destin.
Aborder la question de la parité, c’est évoquer également des clichés qui ont la vie dure, même si les mentalités ont heureusement évolué durant les dernières décennies. Au travail – et jusqu’au gouvernement -, la parité est devenu un terme clé. Afin d’éviter des préjugés qui enferment filles et garçons dans des rôles, dans des cases qui n’ont cependant pas lieu d’être. « Comment lutter contre les stéréotypes ambiants qui s’enracinent dès le plus jeune âge et que certains adultes revendiquent aujourd’hui jusqu’à l’hystérie ?», s’interroge Christian Duchange qui monte Sous l’armure avec sa compagnie dijonnaise L’Artifice. Aux préjugés, Christian Duchange préfère opposer l’art. « Le théâtre inclut et dépasse les « discours » en nous faisant entrer dans le sujet par la porte sensible, pour nous conduire politiquement et poétiquement à nos propres réponses ».
Si la thématique de la parité est emplie de modernité, c’est cependant à l’époque des châteaux forts que nous transporte Catherine Anne. Un châtelain s’apprête à partir à la guerre mais s’assure auparavant que sa fille Christine sera mise au couvant, et que son fils adoptif Thibault partira guerroyer avec lui… Mais Christine, du haut de ses treize ans, n’est pas de cet avis et demande à Thibaut, quant à lui profondément pacifiste, d’échanger leurs rôles… Le combat pour la parité suppose d’affronter bien des ennemis : la religion, l’éducation, la pression sociale, des traditions avec lesquelles il faut bien composer…
Dans cette fable médiévale et surtout initiatique, parfois fantastique – à l’image du terrible Monstre à sept têtes -, histoire que Christian Duchange qualifie de shakespearienne, les rôles et les genres sont inversés. Thibault part se cacher au couvant tandis que sa sœur s’en va-t’en guerre… Malgré les nombreux rebondissements de l’histoire, les déguisements, les complots, le metteur en scène a opté pour des moyens scéniques légers, disposés sur un tréteau traditionnel comme au Moyen Âge, faisant interpréter les huit rôles à cinq comédiens. « Ils constitueront un chœur d’acteurs réunis pour raconter l’histoire ». Catherine Anne a d’ailleurs écrit, en prologue, une chanson qui sera interprétée par ce chœur. Les coulisses sont quant à elles visibles, et l’on peut voir les acteurs changer de rôle au fil de la pièce, comme pour nous rappeler que la thématique de l’apparence, de l’image, est centrale dans la pièce, comme pour nous dire que sous l’armure de notre avatar social, se dissimule notre identité intime et non feinte.
– Marc Vincent –
Sous l’armure, Kingersheim, Salle Cité Jardin (Festival Momixà, 6 février à 14h
Festival Momix 2016