Le Centre chorégraphique national de Bourgogne Franche-Comté est installé à Belfort. Mais cela ne l’empêche pas d’aller rayonner dans la grande région, chez les voisins suisses mais aussi ailleurs en France et dans le monde. Pour cette nouvelle saison 2019-2020, Héla Fattoumi et Éric Lamoureux, les deux directeur et directrice de VIADANSE, ont notamment souhaité porter leur regard – et le nôtre – vers le continent africain. Cette saison débutera un peu plus tôt cette année, dès le 20 septembre, à l’occasion d’une grande soirée mêlant musique et danse.
L’équipe de VIADANSE nous donne donc rendez-vous pour une présentation de saison qui sera étoffée d’un concert dansé du duo Komorébi. Un premier rendez-vous qui inaugurera par ailleurs une thématique explorant la création au féminin. Plus tard dans la saison, on retrouvera de nombreuses créatrices, dans le cadre du programme initié par La Fabrique de la danse : Les Femmes sont là. Il y aura bien sûr une partie du travail de Héla Fattoumi avec Manta, qui interroge le port du Niqab, ou encore Bnett Wasla, écrit avec Éric Lamoureux, solo pour quatre interprètes féminines où la question de l’émancipation féminine est là encore au cœur du propos. Jann Gallois, Francesca Ziviani – en collaboration avec Jérémy Kouyoumdjian -, Clémentine Maubon – en collaboration avec Bastien Lefevre – seront également au programme. Mais notons tout de même, comme on peut le lire sur la plaquette de saison, que « [l]es femmes chorégraphes invitées à Viadanse cette année n’ont pas nécessairement placé la condition féminine au cœur de leur démarche ». Ainsi Valeria Giuga, artiste associée à VIADANSE pour les trois prochaines années, mêlera rock, danse et poésie dans sa dernière création Rock Star. C’est également cette dernière qui proposera, à l’occasion du festival Entrevues en novembre prochain, une création participative, We Are Dancing. On retrouvera la thématique de la pop culture dans le solo de Tatiana Julien, Soulèvement, accueilli à VIADANSE en coréalisation avec le Granit le 16 novembre.
Tandis que le cycle Territoires Dansés en Commun se poursuivra en 2019-2020, en collaboration avec nos voisins suisses, VIADANSE ira également voguer plus loin, du côté de l’Afrique. Héla Fattoumi et Éric Lamoureux évoqueront le continent dans leur création 2020, qui se prépare déjà cette saison, Akzak réunissant douze danseurs venus du Burkina Faso, du Maroc, de Tunisie et de France, conviant également le percussionniste Xavier Desandre Navarre. « Aller vers et accueillir », telle est ici la motivation des deux directeur et directrice, qui ont commandé à Xavier Desandre Navarre une composition originale pour l’occasion, partition qui se créera au plateau en même temps que les chorégraphies. Akzak passera au crible différents rythmes : syncope, tempo, unisson, effets de contraste pour évoquer « la vitalité et l’impatience d’une jeunesse à ouvrir un nouvel « horizon d’universalité » innervé de fraternité ».
C’est dans ce même esprit d’ouverture que VIADANSE accueillera également cette saison six artistes issus du continent africain, Héla et Éric souhaitant ménager un dialogue entre « les Nords et les Suds », l’occasion de rappeler que la danse d’aujourd’hui n’est pas sans proposer un miroir de nos sociétés, à l’image de Bouziane Bouteldja qui avec Telles quelles/ Tels quels, invite de jeunes danseurs hip-hop et contemporains, venus principalement du Maroc, à s’inspirer de leurs parcours individuels. Taoufik Izeddiou évoquera quant à lui la notion de frontière, la question brûlante des migrants mais aussi une société marocaine sous surveillance, la bande son s’inspirant de musiques marocaines traditionnelles et contemporaines. Dans le cadre du programme franco-africain d’incubation Résidanses, VIADANSE accueillera par ailleurs trois chorégraphes pour des travaux autour des identités, tandis que le programme VIAOUAGA, coordonné entre VIADANSE et le Centre de Développement Chorégraphique La Termitiere, tissera un pont entre Belfort et Ouagadougou.
– Dominique Demangeot –