C’est en pleine forêt, au milieu des arbres, qu’Alain Perroux, directeur général de l’OnR et Bruno Bouché, directeur artistique du CCN, ont présenté la saison à venir de l’Opéra national du Rhin, une saison porteuse d’espoirs, une grande bouffée d’air frais après un an et demi de privation de concerts. Diversions revient sur les programmations lyriques et chorégraphiques de cet automne entre Strasbourg, Colmar et Mulhouse.
Saison lyrique
« Il était une fois », c’est en quelque sorte le fil rouge de cette nouvelle saison, un clin d’ œil à toutes les histoires que va nous conter l’OnR cette année, notamment à travers ses productions lyriques, mais aussi par l’intermédiaire de son Ballet et des 32 artistes internationaux qui le composent. Une volonté de raconter des histoires d’autant plus nécessaire que le récit possède une vertu fédératrice, comme le rappelle Alain Perroux. C’est d’ailleurs sur un conte que débutera la saison lyrique en septembre avec La Reine des neiges, de Hans Abrahamsen qui s’est inspiré du conte d’Andersen (du 15 septembre au 3 octobre). Gerda part à la recherche de son ami Kay enlevé par la Reine des neiges. Abrahamsen, compositeur danois peu joué en France, propose une partition créée en 2019, une musique contrastée pour figurer tantôt le manteau blanc recouvrant le paysage, tantôt le bruit et la fureur de la terrifiante reine. Le metteur en James Bonas a collaboré avec Grégoire Pont, dessinateur qui créera des animations sur un grand écran pour accompagner l’action.
La saison lyrique se poursuivra avec une première, un opéra de Verdi jamais joué en France, Stiffelio, censuré à sa création pour avoir mis en scène un pasteur rongé par la jalousie (du 10 octobre au 9 novembre). Ce « grand opéra mélodramatique du XIXe siècle », comme le souligne Alain Perroux, sera interprété par l’Orchestre symphonique de Mulhouse. Andrea Sanguineti, spécialiste de Verdi, dirigera l’orchestre pour l’occasion.
C’est ensuite une œuvre autrement plus connue, Carmen, qui fera son retour à l’OnR après vingt ans d’absence. Celle qui incarne la belle bohémienne dans le monde entier, Stéphanie d’Oustrac, viendra en Alsace porter une fois encore ce rôle flamboyant, en alternance avec Antoinette Dennefeld. Jean-François Sivadier sera à la mise en scène, retrouvant ainsi l’opéra qu’il avait créé il y a une dizaine d’années. Le Chœur et la Maîtrise de l’OnR auront leur pleine place dans ce mythique opéra de Bizet.
N’oublions pas les huit jeunes chanteurs de l’Opéra Studio qui cette saison se produiront en itinérance dans la région. Si l’on pourra les retrouver à Strasbourg, Colmar et Mulhouse, L’Enfant et les Sortilèges de Ravel sera également donné ailleurs en région (entre le 15 décembre et le 20 mai). Cet Opéra nomade bénéficiera également d’une librettiste particulièrement célèbre : Colette. Enfants comme adultes seront séduits et surtout amusés par l’histoire de cet enfant qui rechigne à faire ses devoirs et qui, de rage, détruit ses jouets. Ces derniers se mettent alors à prendre vie devant lui. L’œuvre constitue une belle introduction musicale pour le jeune public, puisque Ravel composera une partition s’inspirant tour à tour du néo-classique, des espagnolades ou encore du jazz. Une version chambriste, plus intimiste, a été mise au point par le pianiste et directeur musical Didier Puntos. Émilie Capliez, qui co-dirige la Comédie de Colmar, mettra en scène l’opéra.
Saison chorégraphique
Le cycle Danser Schubert au XXIe siècle se poursuivra avec un cinquième volet, mêlant une fois encore grands compositeurs et jeunes artistes (du 12 au 22 octobre). Quinze danseurs-chorégraphes se frotteront au répertoire du maître, immergés dans une scénographie conçue par le peintre Silvère Jarrosson. Une dramaturgie musicale inspirée de Schubert sera proposée par le pianiste Bruno Anguera Garcia. De jeunes chanteurs de l’Opéra Studio se joindront à la fête.
En novembre, Bruno Bouché créera une grande forme chorégraphique autour du film Les Ailes du désir de Wim Wenders (du 30 octobre au 15 novembre). Juste avant la chute du Mur de Berlin, les anges perçoivent les pensées des habitants. L’un d’eux s’éprend d’une trapéziste. « Donner à voir et à sentir la beauté d’être en vie, la beauté simple du quotidien », tel était le but de Wenders lorsqu’il imagina cette histoire d’anges, comme l’explique Bruno Bouché. Sur des musiques diverses allant de Sibelius à Antony and the Johnsons, en passant par Bach, ce ballet en deux actes reprendra quelques temps forts du long métrage, mais en imaginera également la suite.
Quant à Kamuyot, du chorégraphe israélien Ohad Naharin, il s’agit d’une œuvre dédiée au jeune public, « un projet de territoire en commun avec le directeur de La Filature, Benoît André », rappelle Bruno Bouché (entre le 27 novembre et le 22 juin). Ce dernier évoque encore, au sujet de cet OVNI chorégraphique, « une playlist quasi psychédélique dans un voyage endiablé », la BO mêlant sonate de Beethoven, reggae… et pop japonaise ! La pièce bénéficie alors d’un élan très rock, une véritable ode à la jeunesse à découvrir cet hiver, mais aussi à l’occasion de La Quinzaine de la Danse dans le Haut-Rhin au printemps 2022.
Opéra national du Rhin – Saison 2021-2022
Programme complet : operanationaldurhin.eu