CLASSIQUE/FOLK
Alpha Classics / Outhere Music
Sortie le 11 septembre 2020
On se souvient encore des envolées folk de Moriarty, et en particulier de la voix de sa chanteuse Rosemary Standley, également des échappées de cette dernière dans le baroque anglais, dans le classique avec la cheffe Laurence Equilbey, ou encore avec la violoncelliste brésilienne Dom La Nena. La chanteuse franco-américaine, qui a aussi étudié le chant lyrique, est aujourd’hui de retour dans les bacs. C’est en compagnie de l’Ensemble Contraste qu’elle nous sert un étonnant Schubert In Love, où quelques-uns des plus fameux airs du compositeur sont revisités à la lumière d’arrangements classiques, mais aussi jazz et folk.
Rosemary Standley et l’Ensemble Contraste ont notamment pioché dans différents cycles de lieder de Schubert, sous la direction artistique d’Arnaud Thorette, et avec Johan Farjot à la direction musicale. Le bien nommé Ensemble Contraste est accoutumé lui aussi au mélange des genres, du baroque au contemporain, du tango au jazz. L’album s’ouvre sur le Leise flehen meine Lieder, l’un des « tubes » de Schubert, les arpèges de guitare qui se substituent au piano d’origine révèlant la modernité de la mélodie. En invitée, la trompettiste et bugliste de jazz Airelle Besson. On la retrouve sur deux autres titres, le poignant et mystique Ave Maria de Schubert (autre tube classique!), ainsi que sur une brillante improvisation sur Arpeggione Sonata, totalement revisité là encore en mode jazz. Si les arrangements de Johan Farjot restent fidèles à la fougue romantique de Schubert, il l’amènent aussi ailleurs. « Nous avons tous, enfouies en nous, quelques notes de Schubert », soulignent les membres de Contraste. Leur dernier album en est un brillant exemple.
D’autres mélodies ne seront pas inconnues aux auditeurs, comme ce Moment musical (l’allegro moderato en Fa mineur, le plus connu, souvent repris), ou encore cet Impromptu en sol bémol majeur, standard mondial du répertoire pour piano romantique. On mesure encore une fois toute la modernité de ce morceau plusieurs fois mis à profit, voire remanié dans des bandes originales de films. Autre invitée de marque, Sandrine Piau, présente sur trois pistes dont Nacht und Träume, la soprano retrouvant ici l’un de ses domaines de prédilection, les contre-jours du grand romantisme, comme elle nous le confiait récemment à l’occasion de son enregistrement en compagnie de l’Orchestre Victor Hugo Franche-Comté (à paraître également chez Alpha Classics). Les deux voix appellent de leurs vœux le retour de la « sainte nuit » et les « doux songes », et l’on rêve en effet sur ce titre crépusculaire, que l’on redécouvre sous une tonalité plus haute, sublimé dans son arrangement pour deux voix.
Mais l’on danse aussi sur Schubert In Love, comme nous y invite la reprise de Die Schöne Müllerin (La Belle meunière), avec son rythme soutenu. Du chant du cygne de Schubert, Winterreise, composé un an avant sa mort, Rosemary et Contraste reprennent trois lieders, dont Gute Nacht adoptant à un moment des accents hispaniques, la chanteuse empoignant à bras le corps une tonalité pensée à l’origine pour une voix masculine. Avec Auf dem Wasser zu singen, on part pour un voyage au bord de l’eau, aux dernières lumières du crépuscule, la barcarolle originale se voyant perturbée par des moments plus jazz, quand surgissent guitare et contrebasse. Avec Schubert In Love, l’Ensemble Contraste confirme une fois encore son goût pour les collaborations et les échappées musicales. Il n’y a pas de musique savante et de musique populaire. Il n’y a que de la musique.
Retrouvez Rosemary Standley et l’Ensemble Contraste en concert à Besançon au Théâtre Ledoux (Les 2 Scènes), le 16 octobre 2020 à 20h
Billetterie : https://les2scenes.mapado.com/event/25973-schubert-in-love
Autres dates : www.ensemblecontraste.com