Un angle original pour lancer cette année 2019 durant laquelle sera célébré le bicentenaire de la naissance de Gustave Courbet ! C’est en effet le Courbet dessinateur que le public aura l’occasion de découvrir, une thématique qui n’est pas souvent traitée en ce qui concerne l’artiste franc-comtois. Des dessins réalisés tantôt au fusain, tantôt au crayon graphite ou encore à l’encre appliqué à la plume.
Une vingtaine de dessins inédits, issus d’une collection privée, constituent le point de départ de cette plongée dans l’œuvre dessiné de Courbet, des dessins qui ont beaucoup fait parler d’eux ! Représentant principalement des paysages, ils ont appartenu au peintre genevois Émile Chambon, grand admirateur de Courbet, dont l’on pourra également admirer des peintures hommages à l’artiste d’Ornans. Des recherches ont été effectuées sur ce fonds par Philippe Clerc, historien de l’art. D’autres dessins provenant de collections publiques ont été également inclus dans l’exposition.
Peu de dessins de Courbet sont connus, d’autant que l’authenticité du Fonds Reverdy fut par ailleurs l’objet d’une controverse dans les années 80. L’exposition à découvrir en ce moment fut ainsi une belle occasion de débuter une recherche plus complète sur cette thématique. Un ouvrage de référence sur Courbet dessinateur vient d’ailleurs d’être publié. À partir de 2017, plusieurs spécialistes ont identifié, entre la France et la Suisse, plus de deux cents dessins, inédits ou oubliés.
Neuf sections sont à découvrir, des premiers dessins à l’entrée au collège royal de Besançon en 1837, aux dessins de jeunesse d’un artiste en pleine émergence. Une troisième section nous emmène dans le Paris bohème, où arrive Courbet en 1839. C’est là qu’il réalise des portraits d’amis écrivains, philosophes, des artistes et des intellectuels parmi lesquels Courbet va trouver l’inspiration et une réelle ouverture d’esprit. C’est là qu’il deviendra peu à peu le chef de file du réalisme. Une quatrième section nous présente le Courbet illustrateur, pour des ouvrages ou encore pour la presse. Les autres sections de l’exposition présentent le travail dessiné de Courbet autour des « pays et paysages », influencé ici par les peintres hollandais et flamands du XVIIe siècle. L’École de Barbizon dans la forêt de Fontainebleau dès 1840, va ensuite orienter Gustave Courbet vers une perception sensitive de la nature. Citons encore une section dédiée au « Cas Chambon », l’un des premiers défenseurs de l’œuvre dessiné de Courbet. Ce peintre et collectionneur suisse possédait quelques cent trente peintures… et environ quatre cent cinquante dessins ! Les recherches de la Société Courbet tentent de dépasser la controverse née suite à la brouille entre Zoé Courbet, sœur du peintre, et Chambon. D’autres sections sont consacrées dans l’exposition aux portraits dessinés ou encore aux rapports entre dessins et peintures. L’exil de Courbet est enfin évoqué suite à la fameuse destruction de la colonne Vendôme.
– Dominique Demangeot –
Courbet dessinateur, Musée Courbet, Ornans, du 15 février au 29 avril
http://musee-courbet.doubs.fr/